« Cette étude identifie la cause du syndrome du hochement de tête. De façon plus générale, ces résultats offrent une nouvelle perspective sur l’épilepsie en suggérant que certaines formes du trouble neurologique pourraient être de nature autoimmune », précise le Dr Avindra Nath, directeur clinique du National Institute of Neurological Disorders and Stroke (NINDA, NIH aux Etats-Unis), qui a dirigé l’étude publiée dans la revue « Science Translational Medicine ».
Le syndrome du hochement de tête (nodding syndrome) est un syndrome épileptique dévastateur qui affecte des enfants agés de 5 à 15 ans en Tanzanie, Ouganda et dans le sud du Soudan. Sa cause reste énigmatique, cependant il survient principalement dans les zones endémiques de l’onchocercose, aussi appelée « cécité des rivières », une parasitose transmise par piqûre d’une petite mouche noire.
Si le syndrome se caractérise par des épisodes de hochement de tête dus à des crises atoniques, les enfants peuvent aussi développer des crises épileptiques tonico-cloniques, une détérioration cognitive, une malnutrition, et parfois décéder.
L’équipe du Dr Nath a étudié des enfants vivant dans un village du nord de l’Ouganda, comparant les enfants sains et ceux atteints du syndrome épileptique. En utilisant une approche non biaisée (puce à protéines), ils ont découvert que des auto-anticorps contre la leiomodine-1 sont détectés plus souvent chez les patients atteints du syndrome, comparés aux enfants sains, non seulement dans le sang mais aussi dans le liquide céphalo-rachidien (LCR). Or la leiomodine-1 s’avère être exprimée dans les neurones des régions cérébrales affectées par la maladie (hippocampe, cervelet, cortex). Et les anticorps anti-leiomodine-1 sont neurotoxiques (in vitro) et réagissent de façon croisée avec des antigènes du ver Onchocerca volvulus.
Ainsi donc, le syndrome du hochement de tête pourrait bien être un trouble épileptique auto-immun causé par un mimétisme moléculaire avec les antigènes du parasite de l’onchocercose.
Pour confirmer cela, les chercheurs envisagent de conduire une expérience ultime : vérifier que les anticorps, une fois injectés chez la souris, peuvent reproduire les crises épileptiques et lésions cérébrales observées chez les enfants.
C’est une heureuse découverte pour les implications thérapeutiques. « Ceci signifie que l’éradication du parasite dans cette population devrait empêcher la survenue de la maladie épileptique. Et chez les patients affectés du syndrome du hochement de tête, une thérapie immunomodulatrice pourrait être bénéfique au début de la maladie », explique au « Quotidien » le Dr Nath. « Les populations dans les zones endémiques de l’onchocercose devraient être traitées régulièrement par l’ivermectine et des programmes doivent être instaurés pour contrôler la population des mouches noires qui disséminent le parasite », souligne-t-elle.
Des questions demeurent. « Il reste à mieux comprendre quelle est la fonction de la leiomodine-1 dans les neurones du cerveau, et comment les réponses immunes endommagent les neurones », précise le Dr Nath. Il faudra étudier les patients chez lesquels une épilepsie est déclenchée par une infection afin de voir si des réponses auto-immunes pourraient être responsables. »
Science Translational Medicine, Johnson et coll.
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