UN VIRUS INFLUENZA russe pourrait-il protéger les Américains de la grippe mexicaine ? Ce bel exemple de mondialisation, énoncé ici un peu schématiquement, est extrapolé de la plume d’un infectiologue de Rhode Island (États-Unis), Leonard A. Mermel, dans une lettre au « Lancet ».
Comment en est-il arrivé à cette interrogation ? En se fondant sur certaines similitudes entre le virus A H1N1 actuel et une souche qui a migré de l’ex-URSS aux États-Unis en 1977.
Historique. En 1977, donc, la grippe russe à souche H1N1 se répand avec une grande rapidité à travers l’ex-URSS. Elle montre une forte attirance pour les jeunes. Tout d’abord les étudiants de 14 à 20 ans et les appelés du contingent sont touchés. Puis le virus s’attaque aux plus jeunes, ceux d’âge préscolaire. Au-delà de 30 ans les infections sont rares. La mortalité est faible.
Ce virus était étonnant à plus d’un titre rapporte L. Mermel. Il n’est plus réapparu pendant 20 ans (une première épidémie avait été relevée dans les années 1950), les foyers épidémiques répartis sur la nation ont été quasi synchrones, les pics ont été rapides et l’épidémie s’est éteinte rapidement.
Seulement chez les jeunes.
Puis les États-Unis sont contaminés. Dans un lycée du Wyoming, 70 % des élèves sont touchés. Rien dans les facultés. Puis à travers les États-Unis, écoles et casernes sont atteintes avec brutalité. Mais ici encore, peu de plus de 26 ans infectés et une faible mortalité. Ce virus H1N1 montrait un fort potentiel morbide, il était donc pandémique, mais seulement chez les jeunes. Son incapacité à vaincre l’immunité des plus de 25-26 ans excluait toute aptitude à favoriser l’habituelle mortalité post-épidémique des sujets âgés.
Cet ensemble de constats rassure l’épidémiologiste. Il se pourrait que le virus d’origine porcine H1N1 actuel présente des similitudes antigéniques avec son cousin de 1977. Dans cette situation, les individus les plus âgés exposés au virus « russe » par le passé pourraient conserver une mémoire immunitaire active contre le virus « mexicain ». Si cette hypothèse se confirme, la mortalité pourrait rester basse. Les jeunes, principalement touchés, ne connaîtraient pas la « tempête de cytokines » associée à l’infection par virus influenza, comme ce fut le cas avec le H1N1 de 1918.
Les mois à venir diront si Leonard Mermel a raison.
Nature vol 373, 20 juin 2009, p. 2108-2109.
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