« Des molécules ciblant sélectivement les voies de la PGE2 ont déjà été développées et testées chez l’animal, dès lors nos résultats ont d’excellentes chances de se traduire par des applications cliniques, non seulement pour le traitement de la grippe mais aussi pour d’autres infections respiratoires virales qui interagissent avec des voies immunitaires similaires chez l’hôte », précise le Dr Maziar Divangahi (Université McGill, Montréal).
En dépit des vaccinations et des antiviraux existants (Tamiflu et Relenza), le virus grippal A demeure une menace permanente, notamment avec l’émergence régulière de nouvelles souches pandémiques. Le Dr Divangahi et son équipe se sont eux intéressés aux anti-inflammatoires comme l’aspirine et l’ibuprofène, communément utilisés pour soulager les symptômes de la grippe. En inhibant l’enzyme cyclo-oxygénase (COX), ces molécules abaissent la production de prostanoïdes (4 prostaglandines et thromboxane), des médiateurs de la douleur, la fièvre et l’inflammation. Toutefois, chacune de ces prostaglandines pourrait jouer un rôle différent dans l’immunité antigrippale.
Traitement ciblé
Dans leur nouvelle étude, les chercheurs se sont concentrés sur la prostaglandine E2 (PGE2). Ils montrent que lors d’une infection par le virus grippal A chez la souris, la PGE2 s’élève et paralyse l’immunité antivirale des macrophages, par inhibition de la production d’interféron type 1 (IFN) et de l’apoptose, provoquant ainsi une augmentation de la réplication virale. La PGE2 inhibe également l’immunité cellulaire T contre l’infection grippale.
Des souris génétiquement manipulées pour supprimer la PGE2 (par ablation de la prostaglandine E- synthase-1 microsomale, ou mPGES-1) présentent une immunité accrue (plus de macrophages dans les poumons) et une survie de 60 % après infection par une dose létale de virus grippal A (EN).
Enfin, lorsque des souris sont traitées par un inhibiteur de la PGE2 (inhibiteur de la mPGES-1) avant ou 2 jours après injection d’une dose létale de virus H1N1, leur survie est respectivement de 60 % et de 30 % (comparé à 0 % sans traitement).
Des inhibiteurs de la mPGES-1 humaine ont déjà été mis au point tels que le MF63. « Par conséquent la suppression de la PGE2 représente une voie thérapeutique possible et immédiate pour le traitement et la prévention de la grippe », concluent les chercheurs. Il faut maintenant attendre les essais cliniques.
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