Le ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a mis en place un groupe de travail spécial pour la préservation des antibiotiques (« task force »), présidé par le Dr Jean Carlet (3), il a rendu ses propositions avant l’été 2015 (lire ci-contre). À l’automne 2015, Marisol Touraine a alors insisté sur « la nécessité de voir les différentes initiatives qui ont pu se multiplier ces dernières années, mieux coordonnées, mieux organisées, pour garantir leur visibilité, leur lisibilité, et leur efficacité ».
Une gestion au niveau régional
Le constat a été fait que notre plan national d’alerte sur les antibiotiques (2011-2016) a peiné à se mettre en œuvre et n’a pas à ce jour atteint les objectifs qu’il s’était fixé. Pour avancer, c’est au niveau régional que les choses doivent être gérées, au plus près des prescripteurs des établissements de soins, médicosociaux et de la ville.
Les personnes-ressources, clés du dispositif, sont très clairement les référents antibiotiques, dont le nombre et les moyens doivent être renforcés pour leur permettre d’assumer leur fonction dans leur bassin de santé, mais aussi au-delà. Car, trop souvent encore aujourd’hui, l’action du référent reste essentiellement voire exclusivement centrée sur son seul établissement, alors qu’il apparaît désormais impératif de l’ouvrir très largement sur l’extérieur, afin d’accompagner le bon usage en ville.
Pour rendre le système efficient, il convient d’identifier les référents, de les fédérer et de coordonner leurs actions en favorisant un travail en réseau. Et en mettant à leur disposition les outils utiles à la promotion du bon usage des antibiotiques ainsi que ceux nécessaires à assurer le pilotage et l’évaluation de leurs actions.
Une nouvelle organisation régionale
Mais cette mise en œuvre régionale doit s’envisager dans un environnement en pleine mutation. En effet, en lien avec la nouvelle loi de santé publique, une nouvelle organisation des « vigilances » en région va se mettre en place. Ainsi, dans chacune des nouvelles régions, va être constitué un Réseau REgional de Vigilance et d’Appui (RREVA), sous l’autorité du Directeur général de l’ARS. Ces RREVA vont rassembler les Structures régionale de surveillance et d’appui (SRVA) de la région – il s’agit en particulier de la pharmacovigilance, de la matériovigilance, de l’hémovigilance… et, plus proche de la problématique de l’antibiorésistance, des OMEDITs, des CClins, des ARLINs, et, quand ils existent, des Centres de conseil en antibiothérapie (CCA).
Cette nouvelle structuration de la lutte contre l’antibiorésistance devrait être placée sous la coordination de la personne qui aura été nommée « chargée de mission ARS sur l’antibiorésistance », au sens de l’instruction du 19 juin 2015 (en pratique, un médecin ou un pharmacien de l’ARS). Nous sommes convaincus que cette coordination ne sera réellement efficace que si elle associe un expert clinicien, médecin infectiologue. À nous de savoir le proposer.
C’est pourquoi il nous faut être impliqués dans ce dossier et nous rapprocher sans délai de nos ARS pour participer activement à la mise en place de ces nouvelles constructions, et donner aux infectiologues la place qui doit être la nôtre et qui doit assurer son succès à cette déclinaison en région du plan antibiotique.
CHU de Nancy
(1) Instruction N°DGOS/PF2/DGS/RI1/DGCS/2015/ 202 du 15 juin 2015 relative au PROgramme national d’actions de Prévention des Infections Associées aux Soins (PROPIAS) dont l’axe 2 vise à « renforcer la prévention et la maîtrise de l’antibiorésistance dans l’ensemble des secteurs de l’offre de soins »
(2) N° DGS/RI1/DGOS/PF2/DGCS/2015/212 du 19 juin 2015, relative à la mise en œuvre de la lutte contre l’antibiorésistance sous la responsabilité des Agences régionales de santé
(3) Président de l’association multidisciplinaire internationale AC-de-BMR (http://www.ac2bmr.fr)
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