« La protection qui est observée chez nos macaques suggère que la prise orale de Truvada, une association des inhibiteurs de la transcriptase inverse ténofovir et emtricitabine, pourrait empêcher la transmission chez les humains », écrivent J. Gerardo Garcia-Lerma et coll. « Selon les cas, le produit pourrait être pris à l’occasion d’une exposition, ou bien selon un schéma d’administration fixe, à raison d’une ou deux doses hebdomadaires avec une dose de rappel après une exposition au virus. »
Les résultats obtenus par cette équipe américaine renforcent la notion d’une possibilité de développer des stratégies prophylactiques chez les humains, assorties d’un bon rapport efficacité/coût. Des études cliniques évaluant l’efficacité de doses quotidiennes de Truvada sont d’ailleurs en cours de réalisation. « Nous avons posé l’hypothèse qu’un traitement prophylactique intermittent avec un antiviral à longue durée d’action pourrait être aussi efficace qu’une administration quotidienne pour bloquer les stades précoces de la réplication virale et empêcher la transmission muqueuse. »
Voie rectale.
L’étude présente la prophylaxie intermittente par Truvada donné per os, testée sur des groupes de 6 singes macaques. Ils ont été exposés à un virus de l’immunodéficience humain-simien (SHIV) utilisé pour les études animales de la maladie humaine, administré par voie rectale, au rythme d’une fois par semaine pendant 14 semaines. Le schéma posologique simple, comportant une dose orale de Truvada donnée soit 1 soit 3 soit 7 jours avant l’exposition, suivie d’une seconde dose deux heures après l’exposition, a été comparé à une administration quotidienne du médicament.
Les résultats montrent une protection identique pour les deux modes d’administration. Pour le schéma simplifié, on constate que 5 animaux sur 6 ont été infectés dans chacun des groupes comportant la dose pré-exposition suivie de la dose post-exposition.
Pour leur part, les macaques témoins ont tous été infectés après la cinquième exposition au virus. « La meilleure protection est conférée par le traitement intermittent encadrant l’exposition, soulignent les auteurs. Ce schéma divise par 15 à 16 le risque de contracter l’infection. En complément, un schéma posologique
commencé deux heures avant ou après une exposition au virus s’est révélé efficace ; une protection totale est obtenue en doublant les concentrations de Truvada à chaque administration. »
En revanche, poursuivent-ils, « nous avons observé qu’il n’y a aucune protection si la première dose de Truvada est retardée et donnée 24 heures après l’exposition ». Ce qui fait souligner l’importance du blocage de la réplication initiale du virus dans la muqueuse. Différents arguments pratiques ont donné corps à une recherche sur la prophylaxie de l’infection par le VIH avant le contact infectant en utilisant des administrations quotidiennes d’antirétroviraux. Ainsi, on sait que les antirétroviraux sont efficaces pour empêcher la
transmission du virus d’une mère infectée à son enfant lors de l’accouchement, ainsi qu’au cours de l’allaitement. Par ailleurs, des études initiales ont montré que des traitements quotidiens par le ténofovir,
l’emtricitabine ou la combinaison des deux (Truvada) permettent d’empêcher ou de retarder la transmission du SIV ou du SHIV chez des macaques de manière dose-dépendante.
Science Translational Medicine, 13 janvier 2010, vol2, n°14.
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