De notre correspondant
LA RECHERCHE de virus homologues du VHC chez les primates non humains a jusqu’ici été infructueuse. Par ailleurs, l’étude de sa pathogénie est entravée par des possibilités de réplication limitées chez l’homme, chez le chimpanzé, et inexistantes en culture cellulaire. Lors de travaux chez des chiens présentant des infections respiratoires virales, les chercheurs de New York et d’Edinbourg ont découvert, de manière fortuite, des séquences virales de type flavivirus. L’analyse philogénétique a révélé la présence, chez ces animaux, d’un virus très proche du VHC, dénommé hépacivirus canin (HVC).
L’examen d’échantillons tissulaires hépatiques (n=19) et pulmonaires (n=5) provenant de 19 chiens morts d’une affection gastro-intestinale inexpliquée a mis en évidence la présence d’ARN d’HVC dans le foie, mais non dans le poumon, de 5 des animaux.
Les auteurs ont alors étudié les caractéristiques génomiques du HVC, en particulier celles de la région non transcrite 3`UTR. Le taux des bases G+C du HVC (50,7%) est un peu plus bas que dans le VHC (55,9-58,4%). Tout comme dans le virus humain, les dinucléotides CpG sont sous-représentés, par comparaison avec les flavivirus (le genre des virus de la fièvre jaune ou de la dengue) et les pestivirus. Par ailleurs, le HVC est plus proche du VHC que du GBV-B (un virus de l’hépatite chez le singe Tamarin) dans une grande partie de son génome, y compris la région non traduite 5`UTR.
Remonte à 500 à 1000 ans.
L’analyse phylogénétique comparée de régions conservées à travers l’évolution (hélicase NS3 et ARN polymérase RdRp) confirme la proximité entre l’HVC et le VHC. Elle conduit les chercheurs à proposer la classification du HVC comme une nouvelle espèce virale au sein du genre Hépacivirus. Ils estiment que l’ancêtre commun partagé entre les virus canin HVC et humain VHC remonte à 500 à 1000 ans.
La découverte de l’équipe de W. Ian Lipkin suggère donc que l’hépacivirus canin est l’homologue le plus proche, génétiquement, du virus humain de l’hépatite C. La protéine d’enveloppe E2 du HVC, en dépit de sa grande variabilité, présente des analogies étonnantes avec le VHC et la structure tertiaire du HVC est elle-même plus proche du virus humain que de tout autre virus apparenté génétiquement à ce dernier.
Défaut d’adaptation à l’hôte.
Comment interpréter ces résultats? Les auteurs émettent l’hypothèse d’une origine zoonotique du virus de l’hépatite C, au travers de contacts avec le chien. Le défaut de son adaptation à l’hôte pourrait alors expliquer son niveau élevé de pathogénicité chez l’homme et l’absence apparente d’homologue du VHC chez les primates non humains. Il reste encore, toutefois, à préciser l’hépatotropisme du virus canin, mais sa présence au sein des hépatocytes, chez les chiens examinés par les chercheurs, ne peut manquer de rappeler le caractère des infections par le VHC chez l’homme. Quoiqu’il en soit, la découverte de l’hépacivirus canin ouvre la perspective d’un modèle expérimental pour l’étude de la pathogénie de l’infection à hépacivirus, de sa prévention et de son traitement.
Kapoor A. , Lipkin W.I. et coll. Characterization of a canine homolog of hepatitis C virus. Proc Ntl Acad Sci USA (2011) Publié en ligne.
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