L’arrêt de l’obligation vaccinale contre la variole en 1980 a-t-elle favorisé l’émergence du nouvel orthopoxvirus identifié en Géorgie ? Une étude dans le « Lancet » pose la question suite à la description de 3 cas d’une zoonose phylogénétiquement proche de la variole dans cette région du Caucase, aucun d’eux n’ayant reçu le vaccin. Les trois cas avaient été en contact étroit avec des vaches infectées et testées positives à orthopoxvirus.
Si la vaccination contre la variole confère un degré de protection croisée envers toute une série d’orthopoxvirus, plus de la moitié de la population mondiale est née après sa réalisation en routine. Selon les auteurs, « la perte d’immunité contre les orthopoxvirus dans la population aurait pu faciliter l’émergence d’orthopoxvirus non varioliques ». L’équipe américaine des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) en collaboration avec les experts de Santé Publique de Géorgie explique comment ils ont identifié, par hasard, deux cas en 2013 chez des éleveurs de bovins, puis rétrospectivement un autre survenu en 2010 chez une femme qui possédait du bétail et vivait à 250 km de cas index.
En contact avec du bétail malade
Les deux cas de 2013 s’occupaient du même troupeau de 71 têtes avec deux autres collègues. En juin 2013, une dizaine de lésions prurigineuses et douloureuses sont apparues sur les deux mains d’un homme de 24 ans en bonne santé. Dix jours auparavant, 10 vaches avaient présenté des lésions au niveau des pis. La récupération avait été quasi complète pour l’ensemble du troupeau. Deux semaines après le début, le patient présentait une fièvre à 39°C, des ulcérations profondes et un gonflement bilatéral des mains et des ganglions axillaires droits. À la NFS, le taux de leucocytes était de 6 000/mm3.
La présentation était sensiblement différente chez le 2e sujet âgé de 36 ans. Dix jours après son collègue, une lésion s’est développée sur chaque main, avec des frissons et de la fièvre apparus le jour même. Des adénopathies axillaires gauches se sont développées 5 jours plus tard. Identifié a posteriori après une enquête chez 154 prélèvements réalisés entre 2009 et 2014, le troisième cas est survenu en 2010 chez une femme trentenaire, qui avait présenté des lésions cutanées sur une main, de la fièvre et des adénopathies pendant la maladie. Les trois sujets ont récupéré à l’exception de lésions cicatricielles.
Une approche syndromique
Les auteurs pointent du doigt le risque de sous-diagnostiquer des infections à orthopoxvirus « qui vont apparaître si les seuls critères cliniques sont appliqués sans test en laboratoire ». Le diagnostic de « cowpox » est souvent porté chez des sujets ayant des infections à orthopoxvirus après contact avec des bovins malades. La découverte, fortuite, de cette nouvelle zoonose pose la question de renforcer la surveillance de ce type d’infections à l’échelle mondiale à la fois chez l’homme et l’animal, en utilisant « une approche syndromique plutôt qu’exclusivement spécifique d’un pathogène ».
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