Mise en place depuis plusieurs années dans de nombreux pays d’Europe, la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV) a fait son apparition cette année dans les collèges de France. Initiée en octobre, la campagne de vaccination anti-HPV gratuite dans les collèges – et effectuée en classe de 5e – offre la possibilité aux 800 000 élèves de cette classe d’âge d'être protégés contre les cancers liés aux HPV.
« Cette initiative n'est pas nouvelle : plus de 100 pays dans le monde vaccinent déjà dans les collèges. Notre objectif serait de couvrir 80 % de la population d'ici à 2030 pour pouvoir faire disparaître les lésions HPV induites », souligne le Pr Geoffroy Canlorbe, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Pitié-Salpêtrière (Paris), secrétaire général de la Société française de colposcopie et de pathologie cervicovaginale (SFCPCV).
Moins de 30 % dans le Grand Est
Actuellement, la France est très loin de cet objectif : moins de 50 % des jeunes filles ont reçu au moins une dose à 15 ans et 37 % ont bénéficié d'un schéma complet (deux doses) à 16 ans. Chez les garçons, seuls 12 % ont reçu au moins une dose à 15 ans alors même qu'un quart des cancers HPV induits concernent les hommes. Certains pays européens bénéficient déjà d'une couverture vaccinale de 70 % : « la France se positionne en 28e place sur 31 pays européens en termes de couverture vaccinale », regrette le Pr Canlorbe.
La vaccination anti-HPV dans les collèges devrait contribuer à pallier cette situation. Cette année, l'objectif de la campagne est de pouvoir vacciner au moins 30 % des élèves de 5e. Qu'en est-il dans les faits ?
« Les données les plus récentes, émanant de l’agence régionale de santé (ARS), concernent uniquement le Grand Est : entre 6 et 25 % des collégiens ont été vaccinés selon les villes. Nous ne bénéficions pas encore de données pour les autres régions », indique le Pr Canlorbe. Des chiffres bien en deçà des attentes.
Début novembre déjà, le ministre de la Santé et de la Prévention Aurélien Rousseau avait indiqué avoir eu à cette date au niveau national 150 000 retours, dont « 50 000 refus et 100 000 acceptations », estimant qu'il faudra faire preuve de « ténacité ».
Concrètement, la vaccination dans les collèges peut être effectuée par tout professionnel de santé (infirmier, sage-femme, médecin…). Les parents ayant un enfant en 6e, reçoivent une première lettre d'information en fin d'année scolaire. Puis, en début de 5e, le collège leur remet un kit d'information vaccinale comprenant notamment une autorisation parentale à faire signer par les deux responsables légaux de l'enfant. « Ce document est une spécificité française qui alourdit, à mon sens, la démarche de vaccination. Dans d'autres pays européens, l'accord des deux responsables légaux n'est pas nécessaire », assure le Pr Canlorbe. Le jour de la vaccination, le collégien doit se présenter avec son carnet de santé.
Des recommandations mondiales
La vaccination protège contre les infections dues aux HPV, qui sont en cause dans 90 % des cancers du col de l'utérus, 80 % des cancers de l'anus et 90 % des verrues anogénitales (condylomes). Recommandée depuis 2007 chez les filles de 11 à 14 ans, elle est préconisée chez les garçons depuis janvier 2021. Un rattrapage est également possible jusqu'à 19 ans. Par ailleurs, le vaccin est remboursé jusqu'à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Ces recommandations se fondent sur de nombreuses publications scientifiques. « Au Royaume-Uni par exemple, la campagne de vaccination depuis 2008 a permis un taux de couverture de 80 % chez les jeunes filles, rapporte le Pr Canlorbe. Les autorités sanitaires se sont rendu compte que la vaccination effectuée entre 12 et 13 ans a permis une réduction des lésions précancéreuses au niveau du col de l'utérus de 97 % . Cette efficacité n'est pas négligeable mais elle diminue avec l'âge de vaccination : la réduction des mêmes lésions passe à 40 % quand les filles sont vaccinées entre 16 et 18 ans ». Une autre étude européenne publiée dans The New England Journal of Medicine menée sur 1,7 million de personnes suivies entre 2006 et 2017 montre que la vaccination faite avant 17 ans diminue le risque de cancer de 88 % (contre 53 %, après 17 ans). Mieux vaut donc vacciner le plus tôt possible.
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