La Haute Autorité de santé (HAS) a largement maintenu en l'état ses recommandations en matière de vaccination contre le mpox, n'élargissant pas le vaccin à de nouvelles catégories de population mais suggérant une dose de rappel aux personnes déjà jugées à risque.
Son nouvel avis vise à répondre à trois objectifs : « Prévenir l’émergence du clade 1b du mpox en France, réduire voire éliminer en France la circulation du clade 2 et renforcer l’immunité à long terme pour se préparer à d’éventuelles flambées épidémiques », est-il expliqué dans un communiqué de l’agence.
La HAS avait été saisie cet été par le ministère de la Santé dans un contexte où le mpox, autrefois qualifié de « variole du singe », fait à nouveau l'objet d'inquiétudes internationales, deux ans après l'épidémie mondiale de 2022. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché le 14 août l’urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) face à l'émergence en Afrique d'un nouveau clade de mpox (clade 1b) et à son extension rapide en République démocratique du Congo et à d’autres pays. Alors que l’épidémie de mpox s’est intensifiée sur le continent africain, avec la circulation de plusieurs clades dont le clade 1b, le clade 2 est toujours présent en France.
Pour ce travail, la HAS s’est notamment appuyée sur les données d’efficacité vaccinale disponibles, en particulier pour celui de troisième génération MVA-BN utilisé en 2022 (commercialisé sous le nom Imvanex en Europe et Jynneos aux États-Unis) : en pré-exposition plus de 14 jours après deux doses, elle atteint 82 %.
Quelles sont les personnes à haut risque d’exposition ?
Alors que le mode de transmission par contact intime/sexuel est majoritairement observé quel que soit le clade, la HAS recommande que soient éligibles à une vaccination avec le vaccin MVA-BN (Imvanex en Europe ou Jynneos aux Etats-Unis) les personnes à haut risque d’exposition au virus, soit :
- Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples ;
- Les personnes en situation de prostitution ;
- Les professionnels des lieux de rencontre sexuelle, quel que soit le statut de ces lieux ;
- Les partenaires ou les personnes partageant le même lieu de vie que les personnes mentionnées ci-dessus.
Vacciner en post-exposition les personnels de santé non-protégés
La HAS continue, par ailleurs, à recommander une vaccination dite réactive aux cas contact, idéalement moins de quatre jours après l’exposition. La HAS préconise que les personnes ayant eu un contact à risque, telles qu’elles sont définies par Santé publique France, incluant les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle, ainsi que les personnes immunodéprimées ayant eu un contact étroit avec une personne contact à risque, soient également éligibles à la vaccination avec le vaccin MVA-BN (Imvanex ou Jynneos). Pour rappel, cette vaccination réactive doit idéalement être administrée dans les 4 jours suivant le premier contact à risque pour avoir une efficacité optimale, et au plus tard dans les 14 jours.
Concernant les mineurs, faute d’autorisation de marché (AMM) du vaccin pour cette population, la HAS rappelle que la vaccination post-exposition doit être envisagée au cas par cas et dans le cadre d’une décision médicale partagée.
Un rappel associé à une persistance des anticorps
L'autorité sanitaire a, néanmoins, actualisé quelques points. La HAS recommande maintenant une dose unique de rappel aux personnes primo-vaccinées avec un schéma complet en 2022. Des incertitudes demeurent sur la durée de protection induite par le vaccin (diminution importante des anticorps neutralisants dans les deux années suivant une primovaccination à deux doses) mais une dose de rappel est associée à une persistance plus longue des anticorps.
Cette recommandation est valable quel que soit le schéma vaccinal de la personne - une, deux ou trois doses déjà effectuées - mais à condition que la dernière dose remonte à plus de deux ans.
Enfin, la HAS ne recommande pas de vaccin aux personnes ayant eu le mpox lors de l'épidémie de 2022, jugeant leur immunité naturelle déjà suffisante.
Quelles modalités de vaccination ?
Pour rappel, la primovaccination avec le vaccin MVA-BN (Imvanex ou Jynneos) repose sur l’administration de deux doses espacées au minimum de 28 jours, ou d’une dose unique pour les personnes ayant bénéficié d’une vaccination contre la variole avec un vaccin de première génération avant 1980.
Pour les personnes immunodéprimées, le schéma est de deux doses complétées d’une troisième au minimum 28 jours après l’administration de la deuxième, quels que soient les antécédents de vaccination antivariolique. La HAS souligne également que, compte tenu de l’immunité naturelle conférée par l’infection passée, il n’est pas recommandé de vacciner les personnes ayant contracté la mpox en 2022 ou dans les années suivantes.
Les schémas de vaccination des personnes éligibles varient ainsi selon qu’elles sont ou non immunodéprimées et en fonction de leurs antécédents d’infection et de vaccination.
La HAS rappelle que le respect des mesures préventives (gestes barrières, isolement…) a démontré son efficacité pour réduire la transmission, en complément de la vaccination. Le respect de ces mesures reste absolument nécessaire, même pour les personnes vaccinées.
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