Vaincre la méningite d’ici à 2030, tel est l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Cette réunion est un appel mondial à l’action et à l’engagement de la part de tous les partenaires de cette lutte », introduit le Pr Jérôme Salomon, désormais sous-directeur général pour la couverture sanitaire universelle et les maladies transmissibles et non transmissibles à l’OMS, lors de la conférence d’ouverture d’une rencontre d’envergure organisée à l’Institut Pasteur à Paris.
Représentants gouvernementaux et dirigeants internationaux étaient présents, en compagnie de partenaires et d’activistes, afin de plaider pour un investissement à la fois financier, politique et sanitaire. La France s’est présentée comme partie prenante de la lutte, du point de vue scientifique et politique. Le ministre délégué à la Santé et à la Prévention Frédéric Valletoux a annoncé, en cette semaine de la vaccination et jour de publication du calendrier vaccinal, une vaccination élargie pour les nourrissons contre les sérogroupes B et ACWY qui deviendra obligatoire en 2025.
Signée en novembre 2020, cette feuille de route s’est déjà matérialisée par le premier déploiement au Nigéria du Men5CV, ce nouveau vaccin pentavalent immunisant contre les souches A, C, W, Y et X. Cette campagne de vaccination a été financée par l’alliance Gavi et a permis de vacciner 1 million de personnes. Ce vaccin, présenté comme une pierre angulaire de la lutte contre les méningites, offre des perspectives encourageantes pour atteindre l’objectif fixé. « Nous disposons des outils nécessaires qu’il faut désormais rendre accessibles. Ce sont des enjeux politiques qui nécessitent une priorisation et des ressources », appuie le Pr Salomon. Le Nigéria fait partie des 26 pays d’Afrique hyperendémiques, la « ceinture africaine de la méningite ». Les dirigeants de l’OMS ont par ailleurs annoncé la poursuite du déploiement au Niger.
D’ici à 2030, la vaccination permettrait d’éviter 900 000 décès et 2,7 millions d'infections par la méningite ; ainsi qu’une économie de 4 à 10 milliards de dollars de frais médicaux pour les communautés touchées et le secteur de la santé. « C’est maintenant qu’il faut frapper fort pour faire la différence et atteindre nos objectifs », encourage le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Avant de mettre en avant que la lutte accrue contre la méningite sera aussi l’occasion de s’occuper des structures de soins primaires dans les pays les plus précaires. La lutte contre la méningite nécessitera un investissement de 130 millions de dollars pour les trois premières années et de 440 millions jusqu’en 2030.
Un appel aux financements des gouvernements et des partenaires
Pour vaincre la méningite, trois points d’attaque ont été développés lors du colloque : la prévention grâce à la vaccination, l’amélioration du diagnostic et du traitement, et la réhabilitation des personnes atteintes par la maladie. Les différents intervenants ont mis en avant le besoin d’investissement et de financements de toutes les parties prenantes. Revenant sur le déploiement du vaccin MenAfriVac (contre le sérotype A), le Dr Luis Gomes Sambo, directeur régional OMS Afrique, rappelle : « Le rôle des États, notamment des ministres de la Santé, qui menaient cette campagne a été décisif. En l’espace de six mois il était devenu évident qu’elle avait permis de réduire drastiquement le nombre de cas ».
Ainsi, le ministre français délégué à la Santé, a annoncé que la France investirait 2 millions d’euros dans la lutte contre la méningite et s’engagerait à soutenir l’alliance Gavi et la formation des experts. Enfin, Frédéric Valletoux est revenu sur la vaccination obligatoire pour les nourrissons avec le tétravalent A, C, W et Y et le monovalent B à partir du 1er janvier 2025, une décision qui a été officialisée ce 26 avril.
Une recherche active sur tous les fronts
La parole a également été donnée à la recherche et notamment à l’Institut Pasteur, figure de proue des travaux menés sur la méningite, dont la nouvelle directrice Yasmine Belkaid a ouvert le colloque. « Le travail de recherche fondamentale réalisé à l’Institut Pasteur permet de comprendre la physiopathologie de la méningite et de développer de nouveaux outils », a-t-elle souligné. Outre le développement de vaccins, plusieurs panélistes ont rappelé de ne pas oublier le diagnostic et le traitement. Guillaume Dumenil a ainsi partagé ses travaux sur l’élimination des agrégats de bactéries dans les vaisseaux sanguins, et Muhamed Kheir Taha a argumenté sur le besoin de tests d’orientation diagnostique. À ce titre, Marie-Pierre Preziosi, directrice du programme méningite de l’OMS a annoncé, en amont de l’événement, la publication pour la fin d’année de recommandations sur le diagnostic et le traitement de la méningite en structures primaires, ainsi que d’autres sur le méningocoque B d’ici à 2025.
Enfin, l’OMS et les dirigeants français ont tenu à insister sur l’occasion qu’offraient les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 pour communiquer sur le handicap et les séquelles de la maladie, de nombreux athlètes paralympiques ayant été atteints d’une méningite.
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