L'organisation internationale Unitaid et le Medicines Patent Pool (ou Communauté de brevets des médicaments) ont annoncé ce 28 juillet avoir conclu un accord de licence volontaire avec le laboratoire ViiV Healthcare pour le cabotégravir, son traitement préventif injectable à longue durée d'action contre le VIH.
Autorisé en Europe comme traitement des patients infectés par le VIH, le cabotégravir a été expérimenté avec succès en Afrique dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (ou PrEP) destinée aux séronégatifs. Des études ont en effet montré, dans des pays d'Afrique subsaharienne comme l'Afrique du Sud, le Botswana, le Kenya, le Swaziland, le Malawi et le Zimbabwe, une meilleure adhérence à la PrEP avec un traitement injectable à longue action comparé avec un traitement oral.
Un accord avec les génériqueurs
La licence volontaire est un mécanisme par lequel un laboratoire donne accès à certains de ses brevets à des producteurs de médicaments génériques. Les fabricants de génériques sélectionnés pourront produire et fournir des versions génériques de ce médicament - récemment autorisé par les autorités sanitaires américaines - dans 90 pays au total, la plupart africains.
Le cabotégravir, produit injectable une fois tous les 2 mois, est entré dans les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans l'indication de la prévention des infections à VIH. Il n'est pas encore entré dans les recommandations nationales, comme le fait remarquer l'ONG Médecin sans Frontières dans un communiqué où elle pointe du doigt « le manque de transparence de la fixation du prix et l'enregistrement de cette molécule ». Elle demande également à ViiV de « rendre ce traitement abordable pour soutenir l'utilisation de ce traitement qui pourrait aider à éviter des millions de nouvelles infections », à l'heure ou la lutte contre l'épidémie semble marquer le pas.
Le coût aux États-Unis de ce traitement est de 22 000 dollars par an (plus de 21 640 euros) et par personne. Des travaux menés par la Clinton Health Access Initiative (CHAI) ont montré que des génériqueurs pourraient produire le cabotégravir injectable pour 2,60 euros par doses, soit moins de 20 euros par an et par patient.
Réservé à la recherche
« Il est essentiel que l'accord inclut aussi les pays dans la fourchette haute des revenus intermédiaires », prévient MSF, qui pointe aussi du doigt le fait que l'accord ne permettra la mise à disposition du cabotégravir uniquement dans le cadre de protocole de recherche sur la PrEP, et pas dans le cadre du soin courant ou d'interventions humanitaires.
« ViiV traîne les pieds », accuse Jessica Burry, responsable du plaidoyer de MSF sur l'accès aux traitements. Le laboratoire « doit immédiatement rendre publics les prix de son traitement pour tous les pays à revenus faibles et intermédiaires, et finaliser son accord de licence volontaire sans y adjoindre de condition ».
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