C’est un filovirus, comme Ebola. Il est mortel dans 80 % des cas en moyenne, comme Ebola. Et bien qu’il soit moins médiatique que son « grand frère », le virus Marburg n’en fait pas moins l’objet de recherches par plusieurs équipes à travers le monde.
L’une d’entre elles, travaillant à l’institut de recherche médical de l’armée américaine, et dirigée par le Dr Sina Bavari, vient de publier les premiers résultats d’efficacité et de tolérance du traitement expérimental AVI-7288 dans le « New England Journal of Medicine ».
L’AVI-7288 est un oligomère disposant d’une charge positive, capable de se fixer sur l’ARN codant pour une nucléoprotéine du virus Marburg.
Les chercheurs ont testé la sécurité du traitement, en l’inoculant quotidiennement à 40 volontaires humains en bonne santé, via perfusion. Ces volontaires ont été répartis en 5 groupes correspondant aux dosages injectés : 1 mg, 4 mg, 8 mg, 12 mg et 16 mg par kg de masse corporelle. En outre, un quart de chaque groupe recevait un placebo. Les chercheurs n’ont relevé aucun effet secondaire important. Des effets secondaires mineurs – des maux de tête principalement – ont été signalés chez 15 des 30 participants traités et chez 8 des 10 participants sous placebo.
L’efficacité, quant à elle, a été évaluée chez des macaques. Les animaux infectés par le virus Marburg ont reçu des doses de 3,75, 7,5, 15, 20, ou 30 mg/kg de l’AVI-7288. Les taux de survie des macaques infectés dans ces différents groupes étaient de respectivement 0 %, 30 %, 59 %, 87 % et 100 %. Les auteurs considèrent que le traitement était efficace à partir de 15 mg d’AVI-7288 par kg, ce qui correspond, rapporté à un patient humain, à 9,6 mg/kg.
« Les macaques sont un très bon modèle pour l’étude des traitements contre les filovirus, explique le Dr Sylvain Baize, qui dirige le centre national de référence des fièvres hémorragiques virales, à Lyon. Ces virus sont beaucoup plus virulents chez ces primates que chez l’homme, ce qui signifie que l’on peut espérer une efficacité encore plus importante chez l’homme. »
Marburg, un virus à fort potentiel épidémique
« D’un point de vue clinique, il n’y a aucune différence entre les infections par le virus Marburg et le virus Ebola : la transmission, la phase d’incubation et la mortalité sont identiques, poursuit le Dr Sylvain Baize, on connaît moins de chose sur le Marburg que sur Ebola, mais il dispose du même potentiel épidémique qu’Ebola. En 1975, on a enregistré un cas en Afrique du Sud qui était originaire du Zimbabwe. » Les épisodes épidémiques les plus graves à ce jour ont eu lieu en Angola, entre 2004 et 2005 (252 infections dont 227 morts), et en République Démocratique du Congo en (154 cas dont 128 morts).
L’accélération des travaux menés sur le virus Ebola depuis le début de l’épidémie en Afrique de l’Ouest pourrait profiter à la recherche de traitement et de vaccin contre le virus Marburg. « Le vaccin VSV-EOV, contre le virus Ebola, mis au point par les Canadiens, pourrait tout à fait être adapté pour prévenir les infections par le virus Marburg en remplaçant la glycoprotéine d’Ebola par celle du Marburg », précise le Dr Sylvain Baize.
Alors que le virus Ebola se transmet aux humains par des chauves-souris frugivores vivant dans la forêt profonde, le virus Marburg a, lui, pour réservoir une autre espèce de chauve-souris : les roussettes cavernicoles.
Cela explique que toutes les épidémies de Marburg qui ont eu lieu en Afrique centrale ont pour point de départ des infections contractées dans des cavernes ou des mines situées dans des zones « mosaïques », combinant savane et forêt. Contrairement à Ebola, on n’a en revanche jamais décrit de réservoir intermédiaire, les cas index résultaient toujours d’un contact direct avec les chauves-souris ou leurs déjections.
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