L'ONU a demandé, vendredi 5 février, aux pays touchés par le virus Zika, d'autoriser l'accès des femmes à la contraception et à l'avortement. Une question encore sensible en Amérique latine, région la plus touchée par l'épidémie. En Colombie et en Equateur, l'interruption volontaire de grossesse n'est autorisée qu'en cas de danger pour la santé de la mère. Au Salvador, elle est carrément punie par des peines allant jusqu'à 40 ans de prison : en novembre, Amnesty International dénonçait l'incarcération d'une vingtaine de femmes dans ce pays pour avoir avorté.
« Recommander de ne pas tomber enceinte n'a aucune utilité dans les pays qui interdisent ou limitent strictement l'accès aux méthodes de planning familial, comme la contraception ou l'avortement », s'est élevé Zeid Ra'ad Al Hussein, le haut commissaire de l'ONU aux Droits de l'Homme. « Le conseil adressé aux femmes de retarder la grossesse ignore le fait que beaucoup d'entre elles n'ont tout simplement pas le pouvoir de décider si ou quand elles veulent tomber enceintes dans un environnement où la violence sexuelle est monnaie courante. » Il a appelé les gouvernements à « s'assurer que les femmes, les hommes et les adolescents ont accès à des services et des informations de qualité sur la santé et la reproduction, sans discrimination », via le droit à la contraception, aux soins maternels et à l'avortement.
L'OMS recommande de reporter les dons de sang des personnes à risque
De son côté, Tarik Jasarevic, porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré jeudi que « reporter les dons de sang de ceux revenant de régions où sévit l'épidémie de Zika est jugé comme une mesure de précaution appropriée ».
Certains pays avaient déjà pris les devants dès mercredi. Les autorités sanitaires canadiennes ont ainsi annoncé que les voyageurs revenant des zones les plus à risque devraient attendre 21 jours après leur retour pour donner leur sang. De son côté, le service public de santé britannique (NHS) a indiqué que,« par mesure de précaution », les personnes revenant des pays touchés par l'épidémie ne pourraient pas donner leur sang ou leurs organes pendant 28 jours.
Le virus détecté sous forme active dans la salive et l'urine
Zika se propage de manière exponentielle en Amérique latine. D'après l'OMS, le virus peut, en effet, se transmettre par le sang. Alors que les États-Unis ont fait état d'un cas de transmission par voie sexuelle. Vendredi, des chercheurs brésiliens ont indiqué l'avoir aussi détecté sous forme active dans la salive et l'urine, même si « cela ne signifie pas qu'il existe une capacité de transmission » par cette voie. Le Brésil, pays le plus touché avec plus d'un million et demi de cas depuis avril 2015, a déconseillé aux femmes enceintes de venir aux JO cet été.
Le virus constitue une menace pour les femmes enceintes et est soupçonné d'entraîner des complications chez les fœtus. Il aurait un lien avec la microcéphalie et le syndrome de Guillain-Barré (SGB). Jeudi, le cas d'une femme enceinte touchée par le virus a été signalé pour la première fois en Europe. Cette femme, résidant en Catalogne (nord-est de l'Espagne), revenait de Colombie. Sept cas importés ont pour l'instant été répertoriés en Espagne, où les liens avec l'Amérique latine sont étroits. Mais cela « n'implique pas un risque de propagation du virus », a souligné le ministère de la Santé espagnol.
Entre autres pistes pour combattre l'épidémie, le Panama étudie la possibilité d'introduire des moustiques génétiquement modifiés. L'expérience avait été réalisée avec succès en 2014 dans un village. Ce projet avait permis une réduction de 93 % de la population de moustiques.
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