La Guyane française est passée en phase épidémique du virus Zika, lundi 25 janvier, avec 45 cas confirmés et 160 suspectés dans ce département d'Amazonie qui compte plus de 244 000 habitants. « Les chiffres sont certainement très sous-évalués car 80 % des patients ne présentent aucun symptôme », a rappelé Christian Meurin, directeur de l'agence régionale de santé (ARS).
Un traitement anti-larvaire mécanique a été mené « sur plus de 800 maisons », a indiqué Sandrine Chantilly, la directrice du service démoustication, « un traitement péri-auxiliaire dans 200 maisons. Une stratégie de ciblage géographique des malades est menée dans les quartiers dans lesquels flambent les cas ».
Les raisons d'une transmission rapide
Pour le préfet, il est important « que les gens comprennent que les gestes simples sont importants » car « on sait que ça démarre lentement puis ça part de manière exponentielle ». Dans son dernier communiqué, l'OMS expose les deux raisons principales à la rapidité de la transmission virale : 1) « la population des Amériques n'a pas été exposée au Zika et donc manque d'immunité » et 2) « les moustiques Aedes – le vecteur principal de la transmission du Zika – sont présents dans tous les pays de la région, excepté le Canada et le Chili continental ».
Les zones rurales démunies
Alors que l'infection maternelle en cours de grossesse est associée à un risque de malformations congénitales, la Guyane est mal armée pour faire face à ce type de complications obstétricales. Le suivi médical des grossesses est en effet compliqué en zone rurale. L'accès à un service hospitalier demande « en moyenne au moins trois heures » pour 21 % de la population guyanaise, selon un rapport 2014. Et « 10 à 15 % des grossesses ne font l'objet d'aucun suivi », selon le directeur de l'ARS.
Pour appliquer « le protocole de suivi adapté des grossesses » demandé par le ministère de la Santé, une première réunion de consensus entre obstétriciens a été organisée. « Des mesures vont être évaluées, étudiées, d'abord en préventif », a indiqué Christian Meurin. Dans ces déserts médicaux de Guyane, « des évacuations sanitaires » vers le littoral seront programmées « en cas de suspicion » de contamination d'une femme enceinte, a annoncé le directeur de l'ARS.
Si l'OMS rappelle le manque de données concernant les voies de transmission verticale de la mère à l'enfant pendant la grossesse et la petite enfance, comme pour les voies sexuelles et sanguines, l'organisation recommande que les femmes enceintes suspectées d'avoir été exposées au virus aient un suivi rapproché.
Les recommandations pour l'allaitement restent inchangées. En réponse à la Colombie qui demande aux couples de reporter leur projet de conception, l'OMS indique qu'il s'agit « d'une décision individuelle entre une femme, son partenaire et son professionnel de santé ».
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