S’il est légitime de croire que le fait de perdre des kilos permet d’être moins essoufflé ou d’avoir moins mal aux genoux ou aux lombaires, par exemple, le reconditionnement physique est indispensable pour améliorer ces symptômes. Pour les aider à se remettre en mouvement, les médecins proposent souvent à leurs patients de pratiquer un sport ou une activité physique qui leur plaît (danse, yoga, tennis, marche rapide…). Ces conseils sont un premier pas vers la remise en forme. Mais, en pratique, ils sont insuffisants pour atteindre les objectifs recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Haute autorité de santé (HAS) : lutter contre la sédentarité, pratiquer une activité physique d’endurance d’intensité modérée (ou élevée) et du renforcement musculaire.
Un programme adapté au surpoids
Au sein du service de nutrition et d’endocrinologie de l’hôpital Bichat, un programme d’activité thérapeutique de trois semaines, fondé sur dix années d’expérience et des études cliniques, est proposé aux patients en situation d’obésité. « Nous recommandons aux patients d’augmenter peu à peu leur nombre de pas pour atteindre 7 000, voire plus, s’ils le peuvent. Étant donné que les pas peuvent être effectués en piétinant ou en marchant à allure variable, nous utilisons le nombre de pas comme un indicateur (inverse) de sédentarité. Nous distinguons bien cela du concept d’activité d’endurance minimale de 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée, couplée à du renforcement musculaire − réparties dans la semaine », indique le Pr Boris Hansel (Bichat, Ap-hp).
L’activité physique, chez un patient obèse, se prescrit et se met en application avec l’aide d’un enseignant en activité physique adaptée. « Dans notre service, à la suite d’une évaluation de l’adhésion et du rapport bénéfice/risque, nous avons sélectionné deux types d’appareils : le vélo elliptique (la personne pédale en étant debout) et le vélo semi-allongé (la personne pédale en étant assise comme dans un pédalo) », détaille l’endocrinologue. Ce type de vélo est adapté aux personnes ayant des troubles de l’équilibre. Ce matériel doit être disponible au domicile des patients. « Les obstacles classiques initiaux (problèmes financiers, manque de place) sont levés dans 93 % des cas, à 6 mois », assure le Pr Hansel.
Un suivi à distance sur le long terme
Les personnes en situation d’obésité sont plus à risque de lésions ostéoarticulaires. Mais cette prédisposition est probablement davantage liée à un état initial de déconditionnement physique et à la pratique d’exercices mal exécutés qu’à l’excès de poids lui-même. Se mettre à courir plusieurs fois par semaine ou monter les escaliers n’est certainement pas la première chose à faire quand une personne obèse se remet à l’activité physique. « Notre programme d’activité physique adaptée aux patients obèses s’inscrit dans le cadre d’une prise en charge multidisciplinaire (diététique, psychologique ou psychiatrique…). Il est d’abord effectué à l’hôpital, dans une logique d’éducation. Puis, un suivi à distance est mené via nos outils d’e-coaching [lire encadré] pour que les patients puissent continuer à pratiquer une activité physique adaptée et régulière dans leur lieu de résidence », confie le Pr Hansel.
L’accès à l’hôpital n’est pas toujours facile pour les patients, notamment ceux qui résident dans des déserts médicaux. Le service de nutrition et d’endocrinologie de l’hôpital Bichat (Paris) forme les médecins généralistes qui le souhaitent à son programme d’activité thérapeutique afin que ceux-ci puissent le proposer à leurs patients.
Exergue : Le vélo adapté doit être disponible au domicile des patients. Dans 93 % des cas, les obstacles (financiers, de place) sont levés à 6 mois
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