Il y a encore 15 ans, personne n'imaginait qu'une personne paraplégique puisse vivre suffisamment longtemps pour faire un accident vasculaire cérébral (AVC). Depuis, des stratégies de prévention primaire sont fortement recommandées, à commencer par la pratique du sport adapté, et ce d'autant que depuis 2005, toute nouvelle installation sportive doit être accessible.
C'est dans cette optique que le Pr François Genêt, chef du service de médecine physique et de réadaptation à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, a monté un projet de centre dédié à la pratique du sport adapté. Baptisé Institut de santé parasport connecté (ISPC), sa première pierre a été posée aux Mureaux, dans les Yvelines, le 23 juillet. En attendant l’inauguration prévue pour 2026, une « forme éprouvette » de l'institut accueille déjà des patients depuis deux ans au sein de l’hôpital Raymond-Poincaré. L'équivalent d'un sixième de la file active de la future structure y consulte actuellement.
Un projet inédit
« C'est un objet médical non identifié, plaisante le Pr Genêt. Une structure différenciée de l'hôpital, sans lit, qui ne fait que de la consultation de jour, avec l'idée de démédicaliser au maximum le suivi des personnes en situation de handicap qui n'ont pas envie qu'on les ramène à l'hôpital. » La pratique du sport, tout en étant ludique, doit permettre de retrouver de l'autonomie et de reconstruire une image du corps très malmenée. L’institut à venir, unique au monde dans son concept, devrait servir de centre de référence pour les services de réadaptation et autres structures qui s’intéressent au sport adapté.
Un des objectifs majeurs est la prévention du surhandicap. « La pratique sportive provoque des lésions, rappelle le Pr Genêt. Un patient paraplégique qui joue au tennis peut se blesser aux épaules et devenir l'équivalent de tétraplégique en perdant sa capacité à se transférer. »
Sur le plan médical, le centre comprendra des médecins du sport, des enseignants en sport adapté, des kinésithérapeutes, des ingénieurs biomécaniciens, etc. Il assurera aussi des missions de formation et de recherche. Des assistantes sociales et une diététicienne compléteront le dispositif. « Nous avons aussi un cardiologue et un pneumologue référents pour les tests d'effort », complète le Pr Genêt.
Les médecins qui s'intéressent au handicap doivent être sensibilisés au monde du sport
Pr François Genêt, service de médecine physique et réadaptation à Garches
Focus sur les enfants handicapés
Autre mission de l'institut : la promotion du sport pour les enfants handicapés qui représentent déjà 40 % des consultations à Garches. Le Pr Genêt travaille avec les écoles et les professeurs d'éducation physique et sportive (EPS). « Ils ont la motivation, mais il manque les financements et la formation, explique-t-il. Un enfant en situation de handicap peut avoir envie de faire du tennis en fauteuil pour ressembler à Michaël Jeremiasz un an, puis du parabasket l'année suivante… comme tous les enfants ! Problème, les fauteuils pour faire du tennis ne sont pas les mêmes que ceux dédiés au parabasket et coûtent 1 000 euros. Ces jeunes gens sont confrontés à de grosses difficultés pour financer leur équipement. »
Les enfants handicapés qui se mettent au sport présentent en outre des particularités médicales liées à la croissance et à l’histoire naturelle de leurs pathologies. Ainsi, les jeunes ayant une lésion médullaire souffrent de spasticité, ce qui effraie les entraîneurs et les professeurs de sport non formés. « Il y a un mur entre les étudiants en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) et le monde de la santé, regrette le Pr Genêt. Tous les professeurs de sport qui souhaitent faire du parasport devraient avoir au moins 20 % de formation santé, ne serait-ce que pour connaître la physiologie du handicap, le vocabulaire, les questions qui peuvent se poser. Et inversement : les médecins qui s'intéressent au handicap doivent être sensibilisés au monde du sport. »
Le handicap psychique, une problématique à part
Le sportif handicapé psychique présente des problématiques spécifiques : « Dès que le handicap touche à la sphère du raisonnement, de l'attention et de la compréhension, les difficultés s'accumulent, et l'inclusion peut même devenir maltraitante, indique le Pr François Genêt. Certains ont besoin d'une attention particulière dans un environnement familier. » Pourtant, les études ont en effet montré que le sport adapté améliorait non seulement la santé physique, mais influençait favorablement les symptômes liés aux pathologies psychiatriques ou intellectuelles.
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