Le forfait inattendu de Rafael Nadal à Roland-Garros a surpris les inconditionnels de cette compétition. Il s’avère que le champion vient de subir, dans une clinique du Colorado, une intervention chirurgicale arthroscopique destinée à soulager une tendinopathie très handicapante du tendon de son ilio-psoas.
Entité pathologique d’individualisation récente dans sa compréhension complète, la tendinopathie de l’ilio-psoas bénéficie à présent d’une prise en charge thérapeutique mieux codifiée bien que sans garantie de résultats immédiats.
Une anatomie particulière
Muscle mal connu car peu apparent en examen clinique de surface, l’ilio-psoas autrefois appelé psoas iliaque, se distingue par sa structure « tricipitale ». En effet, un premier chef massif vient s’amarrer et recouvrir la face interne de l’os iliaque, pontant par la même occasion la face antérieure de l’articulation sacro-iliaque. Les deux autres chefs, psoas proprement dit, avant de se fusionner avec les précédents, tirent leur attache d’origine sur les vertèbres lombaires. L’un de ces deux chefs sur les apophyses transverses des cinq vertèbres lombaires, et l’autre sur les corps de ces vertèbres. Le muscle constitué va ensuite descendre, s’extraire du bassin en se défléchissant devant la hanche pour former un puissant tendon s’amarrant sur le petit trochanter de l’épiphyse fémorale proximale. Le trajet contourné de cette unité musculotendineuse la conduit dans des défilés avec des bourses de glissement pour permettre la mobilité d’adaptation requise. Cette description anatomique souligne la multiplicité des zones articulaires concernées.
Une chaîne articulaire sollicitée en permanence
L’universalité de la chirurgie prothétique de hanche s'est accompagnée d'un important effort de recherche biomécanique sur ce qu’il est convenu d’appeler l’unité spino-pelvienne. Cette unité conduit à envisager le bassin comme une dernière vertèbre de transition sur laquelle s’arriment les membres inférieurs. Cette recherche nous fait comprendre que cette chaîne articulaire, membres inférieurs-bassin-rachis, est en permanence sollicitée, aussi bien dans la marche que dans les sports debout et même les postures, fussent-elles statiques.
Du fait de son étendue, cette chaîne poly-articulée exige de très puissants muscles moteurs de maintien/stabilisation, au premier rang desquels l’ilio-psoas. La dynamique d’un sport tel que le tennis, exigeant à la fois des accélérations, des changements de direction et des pivots sur appui monopodal, impose au tendon de l’ilio-psoas des étirements et toutes sortes de demandes répétitives de réactivité instantanée.
Des lésions polymorphes
Sources de douleurs inguinales rebelles et invalidantes chez certains sportifs, la souffrance de cette unité musculotendineuse se présente sous des formes lésionnelles extrêmement variées : tendinite microfissuraire ou simple, bursite, conflit de frottement, ou ressaut. La morphologie de hanche de voisinage peut également jouer un rôle irritatif comme un excès d’antéversion ou une hypermobilité articulaire.
Un arsenal thérapeutique résolument conservateur
Comme le plus souvent en matière de souffrance tendineuse, la prise en charge thérapeutique commence par de la physiothérapie, des anti-inflammatoires par voie générale ou enfin leur injection directe, parfois radioguidée. La modification des activités est délicate à imposer dans ces milieux sportifs de compétition.
En cas d’insuffisance de résultat de la prise en charge conservatrice, c’est la chirurgie qui devient l’option de dernier recours. L’intervention consiste en une arthroscopie de hanche et des défilés périarticulaires. Il sera procédé à des allongements de l’unité musculotendineuse combinés à un éventuel débridement des zones de conflit fémoro-acétabulaire. Cette chirurgie très spécialisée réclame des opérateurs particulièrement expérimentés et impose au patient un délai de récupération d’environ un trimestre.
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