Valentin, 31 ans, a décidé d’être médecin généraliste remplaçant après un internat dans la subdivision d’Angers (Maine-et-Loire, Mayenne et Sarthe). Une première année à Nantes lui permet de découvrir que l’exercice urbain ne lui convient pas ; il décide de se tourner vers un exercice rural en Loire-Atlantique, dans un rayon de 25 kilomètres autour de son lieu de vie. « J’ai choisi cette option car il fallait que je découvre ma région natale au niveau professionnel. Le remplacement me convient très bien, je suis célibataire, sans enfant, donc sans attache », témoigne-t-il.
Valentin exerce en tant que remplaçant dans quatre cabinets différents dont l’activité est répartie sur toute l’année, avec des mois plus ou moins denses. « La fréquence n’est pas la même toute l’année. L’été, c’est beaucoup plus intense », précise le généraliste. Cela va de deux semaines par mois de septembre à mai à des mois pleins en juillet et août, avec parfois un pic de trois semaines de remplacement en avril et juin comme, cette année. Valentin travaille quatre jours et demi par semaine, sur une plage horaire de 9 heures à 19 heures, avec en moyenne 25 patients par jour.
Sa principale dépense : la rétrocession d’honoraires
Pour un remplaçant, les postes de dépenses inhérents à la gestion du cabinet sont inexistants. La seule chose propre à ce mode d’exercice est la rétrocession d’honoraire : il doit remettre au médecin propriétaire du cabinet une partie de son chiffre d'affaires. Dans le cas de Valentin qui exerce dans un désert médical, elle s’élève à 20 % de son chiffre d'affaires. « Avec la pénurie de médecins, les taux de rétrocession d’honoraires sont très intéressants. Il y a 40 ans, ils s’élevaient à 50 % », observe-t-il.
« La première année j’ai payé 800 euros d’Urssaf, la deuxième 5 000 euros ! »
Valentin
En tant que remplaçant, Valentin ne bénéficie pas de la ROSP (Rémunération sur objectifs de santé publique), mais son statut lui a permis d’être en micro-BNC (Bénéfices non commerciaux). Il est donc imposé sur 66 % de son chiffre d'affaires. Cet avantage n’est pas négligeable puisqu’il accorde automatiquement une réduction forfaitaire de 34 % du chiffre d’affaires. Dans son cas, son taux d’imposition est 10,5 % pour des revenus de 42 410 euros soit 4 453,05 euros d’impôts cette année. « Comme tous les libéraux, il faut être vigilant la première année et garder le maximum d’argent de côté, au moins la moitié afin de se constituer une trésorerie. Cela permet de ne pas être surpris lors du rattrapage effectué par l’Urssaf. Beaucoup se font piéger et achètent une nouvelle voiture ou une maison. Dans mon cas la première année j’ai payé 800 euros à l’Urssaf, la deuxième 5 000 euros ! », se remémore le jeune praticien. Par ailleurs, la simplicité de ses entrées d’argent lui évite d’avoir besoin d’un comptable, « contrairement aux médecins libéraux qui possèdent leur cabinet et doivent encaisser des chèques, supporter des paiements différés, appliquer le tiers payant… »
Ses seules dépenses se résument aux cotisations à l’Urssaf, la Carmf, l’Ordre des Médecins, la RCP (Responsabilité civile professionnelle), une mutuelle de prévoyance qui l’assure d’avoir un revenu de 3 000 euros en cas de maladie ou d’accident, un abonnement à une revue médicale, et aux frais d’essence.
« Je n'ai pas à gérer tout ce qui est inhérent à un cabinet. Je connais l’avantage d’être flexible pour ma vie personnelle, sans avoir forcément d’obligations. Grâce à cette façon d’exercer, j’ai du temps pour mon activité syndicale, un élément majeur lors de ce PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale), je peux passer à l’Assemblée, me renseigner… Ce temps précieux que j’ai pu sanctuariser me permet aussi de consacrer mon mercredi après-midi à ma passion, le football, que je pratique en tant qu’entraîneur d’une équipe d’enfants de huit-neuf ans », témoigne-t-il.
Malgré cela, des inconvénients subsistent : « Nous dépendons des médecins et de leurs demandes. Parfois, cette flexibilité que nous avons recherchée nous contraint à ne pas trop prévoir à l’avance. Je peux être appelé d’une semaine à l’autre. Il faut par ailleurs changer souvent de cabinet, donc se familiariser régulièrement à un nouveau logiciel. Changer de patientèle peut, selon les endroits, plus ou moins nous correspondre. Sans parler de la frustration de ne pas pouvoir suivre les patients », poursuit-il. À terme, Valentin compte bien s’installer.
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