Des milliers de personnes sont bloquées depuis ce dimanche 12 novembre dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, pris au piège des combats. Le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé à ne pas « rester silencieux » devant des « scènes de mort » dans les hôpitaux au 38e jour de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste. Tedros Adhanom Ghebreyesus a une nouvelle fois appelé à un cessez-le-feu.
« Il n'y a plus d'électricité » dans les hôpitaux du nord de la bande de Gaza faute de carburant, a affirmé Youssef Abou Rich le vice-ministre de la Santé du gouvernement Hamas à l'AFP ce lundi 13 novembre, ajoutant qu'ils étaient désormais « hors service ». Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) avait indiqué que 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza ne fonctionnaient plus ces derniers jours.
Des chars autour de l'hôpital al-Chifa
« Sept bébés prématurés » et « 27 patients en soins intensifs » sont morts, a déploré Youssef Abou Rich alors que les combats entre l'armée israélienne et le Hamas palestinien se concentrent dans le nord de la bande de Gaza. En effet, les chars israéliens resserrent leur étau sur la ville de Gaza et plus particulièrement ses hôpitaux, qui selon Israël hébergent des bases du Hamas.
La situation est particulièrement tendue à l'hôpital al-Chifa. « Une situation catastrophique », selon le directeur des hôpitaux du territoire palestinien Mohammed Zaqout. Là, rapporte un journaliste collaborant avec l'AFP, « des chars, des blindés et des véhicules de transport de troupes israéliens encerclent les abords du complexe hospitalier de toutes parts ». Selon Youssef Abou Rich, « 650 patients, une quarantaine d'enfants en couveuse, tous menacés de mort », ainsi que 20 000 déplacés se trouvent dans cet hôpital.
Israël a annoncé qu'un « couloir » d'évacuation resterait en place ce lundi pour permettre aux civils de quitter l'hôpital al-Chifa, tout en admettant que ce secteur était en proie à « d'intenses combats ». L'armée a annoncé qu'elle « continuait à mener des raids, visant des infrastructures terroristes installées dans des bâtiments gouvernementaux, au cœur de la population civile ».
Le cri de désespoir des ONG
L'ONG Médecins sans frontières (MSF) s'est alarmée dans un message sur X citant un de ses membres à Gaza faisant état de « gens morts dans les rues.» MSF a prévenu que les hôpitaux de Gaza-ville pourraient devenir « une morgue ». Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa part lancé « un appel urgent en faveur de la protection des civils de Gaza pris au piège des combats ».
« Les gens nous appellent jour et nuit, disant avoir peur d'ouvrir leur porte par crainte d'être tués et nous supplient de les aider à se mettre en sécurité », a déclaré William Schomburg, chef de la sous-délégation du CICR à Gaza.
Des appels politiques à protéger les hôpitaux
L'armée israélienne accuse le Hamas d'utiliser des civils comme « boucliers humains », notamment dans des écoles et établissements de santé et dément viser les hôpitaux délibérément. Principal allié d'Israël, Washington a dit s'opposer aux combats dans les hôpitaux à Gaza, « où des personnes innocentes, des patients recevant des soins médicaux, sont pris dans des tirs croisés ».
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a appelé Israël à « une retenue maximale » pour protéger les civils tout en condamnant l'utilisation, selon lui, par le Hamas « d'hôpitaux et de civils comme boucliers humains ».
La situation est aussi très compliquée dans d'autres hôpitaux selon le directeur des hôpitaux de la bande de Gaza : des patients « sont dans les rues sans soins » après les « évacuations forcées » de deux hôpitaux pédiatriques, al-Nasr et al-Rantissi.
L'armée israélienne avait indiqué avoir « sécurisé » des passages pour évacuer les civils de ces deux établissements ainsi que celui d'al-Chifa. Un autre hôpital de Gaza-ville, al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison d'un manque de carburant et d'électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Des besoins immenses
Les 2,4 millions de Gazaouis vivent désormais dans la menace d'un black-out total : les générateurs du ministère des Télécommunications devraient s'arrêter ce 16 novembre, a-t-il annoncé. Faute de carburant, les médecins ont mis en ligne des images les montrant en train d'opérer à la bougie, à la lampe torche, ou seulement avec les lumières des téléphones portables, faute d'électricité dans les hôpitaux.
Le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari a assuré ce dimanche soir avoir « proposé de fournir du carburant de l'armée pour les besoins urgents de l'hôpital » al-Chifa, mais que, « la direction du Hamas empêche l'hôpital de récupérer le carburant ». Dans des images nocturnes publiées dimanche soir par l'armée israélienne sur X (ex-Twitter), on peut voir des soldats déposer des bidons à proximité d'un bâtiment.
Mais les quelques centaines de litres ne sont qu'une goutte dans l'océan des besoins. L'ONU a prévenu ce lundi que ses opérations humanitaires « cesseraient sous 48 heures », faute de carburant. Environ 980 camions chargés d'aide internationale sont arrivés dans la bande de Gaza depuis le 21 octobre, dont 76 ce dimanche, selon l'Ocha.
Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué depuis le 7 octobre 11 180 personnes, majoritairement des civils, incluant plus de 4 609 enfants, selon le Hamas.
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