Lors d'une conférence internationale humanitaire sur la situation à Gaza organisée par Emmanuel Macron ce 9 novembre à Paris, le chef de l'État français a insisté devant les représentants d'une cinquantaine de pays et d'organisations humanitaires sur la nécessité de protéger les civils par « une pause humanitaire très rapide » : « il nous faut œuvrer à un cessez-le-feu », a-t-il déclaré.
Israël « va commencer à faire chaque jour des pauses de quatre heures dans certaines zones du nord de la bande de Gaza, qui seront annoncées trois heures à l'avance », a indiqué le même jour un porte-parole de la Maison Blanche. Cela « commence aujourd'hui », a-t-il ajouté.
La France va également porter son aide de 20 à 100 millions d'euros, a aussi indiqué Emmanuel Macron, alors que l'ONU estime les besoins de la population palestinienne à 1,2 milliard de dollars jusqu'à fin 2023. Mais les organisations humanitaires ont dénoncé l'impossibilité d'apporter de l'aide tant que se poursuivent les bombardements.
L’instauration d’un cessez-le-feu durable est une « urgence vitale », estiment Médecins du Monde (MDM) et Médecins sans Frontières (MSF). Les deux organisations renouvellent leur appel à un arrêt des bombardements alors que deux membres de leurs équipes, un urgentiste de MDM et un technicien de laboratoires de MSF, ont perdu la vie ces derniers jours dans la bande de Gaza.
192 personnels de santé tués depuis le début du conflit
Le 5 novembre, le Dr Maysara Rayyes, superviseur médical chez MDM depuis deux ans, a été tué, ainsi que plusieurs membres de sa famille, lors du bombardement de son immeuble à Gaza City. Le médecin de 28 ans était resté dans le nord de la bande de Gaza auprès de ses proches à mobilité réduite et dans l’impossibilité de suivre les appels de l’armée israélienne à évacuer la zone, rapporte MDM dans un communiqué.
L’ONG « s’insurge » que les personnes restées dans le nord soient considérées « comme des dommages collatéraux ». La présidente de l’ONG, la Dr Florence Rigal, ajoute que « ce drame aurait pu être évité si un cessez-le-feu avait été instauré comme nous le demandons depuis plusieurs semaines maintenant. »
MSF déplore aussi le décès d’un de ses employés, Mohammed Al Ahel, employé de l’ONG depuis plus de deux ans, tué avec plusieurs de ses proches dans un bombardement sur le camp de réfugiés de Chati le 6 novembre.
« Nos demandes incessantes pour la mise en place d'un cessez-le-feu immédiat sont restées sans réponse et nous répétons que c'est le seul moyen pour éviter d'autres morts dans Gaza et permettre l'arrivée d'une aide humanitaire », indique MSF, dans un message sur son site internet. « La population est exsangue et les secouristes pratiquement impuissants. Face à l'hécatombe, un cessez-le-feu relève de l'urgence vitale », a déclaré la directrice de l’ONG Claire Magone, lors d’une conférence de presse le 7 novembre à Paris.
Selon les chiffres du ministère de la santé du Hamas, repris par le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 192 personnels de santé ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas. Parmi eux, au moins 16 étaient en service lorsqu'ils ont été tués, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Dès le début du conflit déclenché il y a un mois par une attaque sanglante du Hamas en Israël (plus de 1 400 personnes tuées, des milliers de blessés et plus de 241 otages), l’agence de l’ONU a appelé à épargner les structures de santé.
Dégradation de la situation sanitaire
À Gaza, le blocus total imposé par le gouvernement israélien dégrade de jour en jour la situation humanitaire. L’aide arrive au compte-goutte et ne permet pas de répondre aux besoins de la population privée des livraisons d'eau, de nourriture, d'électricité, de carburant et des médicaments dont dépend sa survie.
Dans une déclaration commune à l’occasion d’une livraison de médicaments et de matériel médical à l'hôpital Al-Shifa dans le nord de la bande de Gaza, le 8 novembre, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, et son homologie de l'Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA), Philippe Lazzarini, ont décrit les conditions « désastreuses » dans lesquelles fonctionne l'hôpital. Les médecins sont contraints d'opérer dans les couloirs, à même le sol ou en plein air, « alors que les patients endurent des douleurs atroces et inutiles en raison de la pénurie de médicaments et d'anesthésiques ».
La surpopulation dans les abris de l'ONU, avec pour corollaire la dégradation des conditions sanitaires, reste aussi « une préoccupation majeure », selon l’Ocha, qui souligne que « les produits alimentaires essentiels tels que le riz, les légumineuses et l'huile végétale sont presque épuisés ».
Dans un communiqué, l’OMS alerte sur « certaines tendances inquiétantes » liées à la perturbation des systèmes de santé, d’eau et d’assainissement. Depuis la mi-octobre 2023, plus de 33 551 cas de diarrhée ont été signalés. Plus de la moitié concerne des enfants de moins de cinq ans (contre une moyenne de 2 000 cas par mois en 2021 et 2022). L’OMS a également recensé 8 944 cas de gale et de poux, 1 005 cas de varicelle, 12 635 d'éruptions cutanées et 54 866 cas d’infections des voies respiratoires supérieures.
MDM témoigne aussi de coupures régulières des lignes internet, qui l’empêchent de maintenir le contact avec ses équipes mais impacte surtout la population qui ne peut pas contacter les urgences pour les activités de sauvetage, ni connaître les zones bombardées, poursuit l’ONG. « Ces conditions sont intolérables et irréalistes. Il est quasiment impossible pour les travailleurs humanitaires et pour le personnel soignant d’accomplir leur mission : venir en aide à la population et sauver des vies », dénonce Héléna Ranchal, directrice des opérations internationales de MDM.
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