Attention à l’association entre le Paxlovid (nirmatrelvir, ritonavir) et certains immunosuppresseurs, alerte l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en relayant les données du comité de pharmacovigilance (Prac) de son homologue européenne. Sont concernés en particulier les inhibiteurs de la calcineurine (tacrolimus, ciclosporine) et les inhibiteurs de la mTOR (évérolimus, sirolimus).
Utilisés pour traiter certaines maladies auto-immunes ou pour empêcher le rejet d’une greffe après une transplantation d’organe, ces immunosuppresseurs réduisent l'activité du système immunitaire. Mais ils ont la particularité d’avoir une marge thérapeutique étroite, c’est-à-dire que de faibles variations de concentration peuvent avoir des effets indésirables graves.
En l’occurrence, des analyses de rapports d’effets indésirables graves et même fatals, consécutifs à des interactions médicamenteuses entre le Paxlovid et des immunosuppresseurs, montrent que les concentrations sanguines de ces derniers augmentent rapidement jusqu’à atteindre des niveaux toxiques. Cette incapacité pour l’organisme à éliminer ces médicaments met en jeu le pronostic vital. Un risque déjà connu et mentionné dans les informations sur le produit, rappelle l’ANSM.
Surveillance étroite et régulière des taux sanguins
Le Paxlovid, utilisé pour traiter le Covid-19 chez les adultes qui n'ont pas besoin de supplémentation en oxygène et qui présentent un risque accru d'aggravation de la maladie*, peut néanmoins être administré avec ces médicaments (tacrolimus, ciclosporin, évérolimus, sirolimus) à condition qu’une surveillance étroite et régulière des taux sanguins de ces immunosuppresseurs soit possible.
Ainsi, avant d’initier un traitement par Paxlovid chez un patient, le prescripteur doit soigneusement évaluer les bénéfices potentiels du traitement par rapport aux risques d'effets indésirables graves en cas d'administration concomitante avec des immunosuppresseurs. Les professionnels de santé doivent consulter un groupe pluridisciplinaire de spécialistes pour gérer la complexité de l’association de ces médicaments, est-il précisé. Ils devraient recevoir prochainement une lettre rappelant ces risques.
Le Prac rappelle également que Paxlovid est contre-indiqué avec de nombreux traitements, dont l'immunosuppresseur voclosporine.
Par ailleurs, à compter du 25 février 2024, il ne sera plus possible en France de dispenser les boîtes de Paxlovid du stock constitué depuis février 2022 par l’État dans le cadre de la pandémie. Seules les boîtes commercialisées par le laboratoire Pfizer via les circuits classiques d’approvisionnement du médicament pourront être distribuées, indique la Direction générale de la santé dans une note datée du 14 février. Les autres, arrivées à péremption, doivent être détruites.
*Les plus de 65 ans, les porteurs d'une immunodépression quel que soit leur âge et les non-immunodéprimés présentant une comorbidité à haut risque de forme sévère quel que soit leur âge.
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