Le repérage des aidants doit être une priorité pour les professionnels de santé, dont les médecins, affirme la Haute Autorité de santé (HAS) en publiant ce 25 juin des recommandations de bonnes pratiques. Une réponse à la saisine de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) dans le cadre de la stratégie nationale dédiée aux aidants.
La France compte en effet plus de 9 millions d’aidants aux multiples visages, parents, conjoints, fratrie, enfants y compris mineurs, amis, voisins, qu’il est important de repérer et d’accompagner. Ces personnes, au rôle croissant dans un contexte de vieillissement de la population, se retrouvent confrontées à de lourdes responsabilités qui s’ajoutent à leur vie personnelle : démarches administratives, médicales, soutien moral... Sans formation ni répit, elles peuvent connaître des situations d’épuisement. La HAS définit le répit comme un temps qui peut permettre d’aider la personne à se reconnaître en tant qu’aidant ; et qui permet de faire une pause, se ressourcer et de prendre du recul sur sa situation.
Difficulté de repérage en l’absence de prise de conscience
« “Pour continuer à prendre soin des autres, il faut aussi pouvoir prendre soin de soi” : Ce principe (appelé théorie du masque à oxygène) illustre l’enjeu du repérage des situations d’aidance et des aidants », résume la HAS.
Les professionnels de santé et du social et médico-social sont des acteurs clés du repérage. La HAS recommande de prendre pour point de départ la situation de l’aidant et celle du proche aidé. Certains signes peuvent permettre d’initier une discussion et mettre en évidence des difficultés liées à une situation d’aidance : épuisement physique/mental, isolement social, rupture de soins, arrêts maladies fréquents, difficultés scolaires…
Le repérage est d’autant plus difficile que certains aidants ne se reconnaissent pas en tant que tels. Il est alors essentiel de questionner la personne sur son quotidien et sur sa perception de la situation afin de favoriser une prise de conscience, encourage la HAS. Autre situation délicate à repérer, car éloignée des représentations habituelles : celle des 500 000 enfants et adolescents aidants. « Pour autant, leur repérage précoce est essentiel pour mettre en place des solutions de répit qui leur sont spécifiquement adaptées (soutien scolaire, appui aux démarches administratives…) et ainsi éviter des conséquences sur la scolarité, la santé et la vie sociale et personnelle de ces jeunes », insiste la HAS.
Une grille d’évaluation
Le repérage permet de délivrer de premières informations sur les ressources disponibles voire d’enclencher un accompagnement. Les professionnels doivent ensuite évaluer la situation de l’aidant. Pour ce faire, la HAS propose une grille d’évaluation qui indique les principales thématiques à aborder comme la situation de l’aidant et du proche aidé, la comparaison entre la vie d’avant et d’aujourd’hui, l’aide apportée, les conséquences sur l’aidant (vie personnelle, familiale, professionnelle, scolaire…) ou encore les éventuels signes d’alerte (épuisement notamment). On y retrouve aussi des questions adaptées aux différents profils d’aidants : les mineurs, les actifs, les proches vieillissants.
À la lumière de cette évaluation, le professionnel peut proposer des solutions de répit adaptées, et au bon moment. « Ces solutions ne constituent pas une réponse figée et s’adaptent à chaque situation ainsi qu’aux changements dans la vie des aidants. Elles sont à construire et à rediscuter entre le professionnel et la personne concernée », insiste la HAS. Et d’insister sur l’importance d’une relation de confiance et d’écoute.
Enfin, l’institution préconise que l’ensemble des professionnels renforcent leurs compétences à l’aide d’outils ou de formations dédiés à la compréhension des aidants. Elle organisera, en octobre prochain, un webinaire à destination des professionnels.
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