Les médecins ont le « devoir déontologique de prendre en charge les personnes transgenres sans discrimination », rappelle le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) dans un communiqué publié le 5 novembre 2024. L’instance réaffirme ainsi « son engagement à lutter contre toute forme de discrimination dans l’accès aux soins ».
Les différentes enquêtes sur la prise en charge médicale des personnes trans, en dehors des parcours et des soins de transition, dressent un « constat extrêmement préoccupant », s’alarme auprès du Quotidien la Dr Christine Louis-Vahdat, conseillère nationale du Cnom au sein de la section éthique et déontologie.
Un article publié en décembre 2023 dans la revue de l’Institut pour la recherche en santé publique (Iresp) décrit comment « les connaissances lacunaires, le maintien de préjugés et de propos disqualifiant » participent à éloigner des soins les personnes trans. Une enquête menée en France en 2015 a montré que plus de 40 % des personnes trans se sont limitées dans leurs soins de peur d’un acte ou d’un propos discriminant. Et 65 % d’entre elles ont eu le sentiment d’avoir été discriminées dans leurs parcours.
Des recommandations « anciennes et dépassées » en cours d’actualisation
Ces discriminations font « régulièrement » l’objet de signalements et de plaintes auprès des conseils départementaux. « Il est inacceptable qu’il y ait de la discrimination, quelle qu’en soit la raison », réagit la Dr Christine Louis-Vahdat, jugeant qu’il est « urgent d’agir dans l’intérêt des patients ». Le communiqué du Cnom vise ainsi à « rappeler la nécessité de la prise en charge et de la surveillance dans les soins secondaires des patients trans : bilan cardiaque, surveillance gynécologique, etc. », poursuit-elle.
Les recommandations actuelles apparaissent par ailleurs « anciennes et dépassées », ajoute la conseillère nationale. Une actualisation est en cours au sein de la Haute Autorité de santé (HAS). Il s’agit d’un « travail important », notamment pour définir le « cadre que doivent respecter les médecins dans la prise en charge de personnes qui souhaitent débuter une transition », selon la Dr Louis-Vahdat.
Pour l’heure, les professionnels qui assurent la prise en charge des personnes trans s’appuient sur les avis des sociétés savantes, mais qui ne suffisent pas toujours à protéger en cas de poursuites. Le Cnom plaide ainsi pour la définition d’un « cadre déontologique » qui « permette une prise en charge sécurisée des patients en demande de transition, mais aussi pour les soins secondaires », explique la Dr Louis-Vahdat.
Alors que la publication des recommandations de la HAS, déjà reportée, est attendue d’ici à la fin de l’année ou au début de 2025, l’Académie de médecine prévoit la diffusion d’un avis sur le sujet « d’ici à la fin de l’année », indique la conseillère du Cnom. Dans l’attente, les médecins non formés à la prise en charge des personnes trans ont le « devoir d’adresser le patient à un praticien formé », rappelle la Dr Louis-Vahdat.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?