Le niveau de vaccination des Français a progressé en 2023 mais doit encore s'améliorer contre certaines infections, notamment celles en recrudescence comme la rougeole, ou encore la grippe et le Covid 19 chez les adultes, selon un bilan publié par Santé publique France ce 22 avril, début de la semaine européenne de la vaccination. Un message soutenu par l'Académie de médecine qui déclare les Vaccins, Grande cause de l’année 2024.
Chez les nourrissons, Santé publique France salue des progressions importantes de couverture pour des vaccinations nouvellement recommandées. Contre le méningocoque B, près de 75 % des nourrissons nés en 2023 ont reçu au moins une dose à huit mois, contre près de 49 % des bébés de 2022. La Haute Autorité de santé vient d’ailleurs de préconiser de rendre obligatoire la vaccination des nourrissons contre le méningocoque B avec Bexsero (et les autres sérogroupes A, C, W et Y avec Nimenrix) : la couverture schéma complet (3 doses à 21 mois) contre le méningocoque B ne dépasse pas 35 %.
Contre le rotavirus, l'un des responsables de la gastro-entérite, environ un tiers (30,9 %) des nourrissons nés en 2023 - première cohorte pour laquelle la vaccination est recommandée - a reçu au moins une dose à 8 mois, ajoute SPF.
Pour les vaccinations obligatoires du nourrisson, les couvertures sont globalement élevées, mais progressent trop peu contre la rougeole, sans parvenir à l’objectif fixé de 95 %. Quelque 93,7 % des petits de la cohorte 2022 ont reçu au moins une dose, et seulement 85,7 % de ceux de 2021 en ont reçu deux. Au vu de « la recrudescence de maladies évitables telles que la rougeole » (117 cas en 2023 en France) et de la venue de millions de visiteurs étrangers lors des Jeux olympiques, « il est particulièrement nécessaire (...) de renforcer le rattrapage vaccinal de tous les enfants, adolescents et jeunes adultes nés après 1980 qui n’auraient pas reçu un schéma complet à deux doses », plaide l'agence, reprenant un récent message de la Direction générale de la santé.
Vaccinations contre la grippe et le Covid insuffisantes pour les personnes à risque
Chez les adolescents, la proportion de vaccinés contre le méningocoque C a fortement augmenté en 2023, à 48 % contre 43,8 % en 2022.
En revanche, les couvertures vaccinales des adultes contre la grippe et le Covid-19 « restent insuffisantes chez les personnes à risque », déplore SPF. Un peu plus de la moitié des 65 ans et plus (54 %) ont été vaccinés contre la grippe dans la saison 2023-2024, soit 2,2 points en moins qu'un an auparavant, et un peu plus d'un quart (25,4 %) des moins de 65 ans à risque de forme grave, soit 6,2 points en moins, et un niveau moindre qu’avant la pandémie. Entre les saisons 2020-2021 et 2023-2024, une baisse de 8,7 points est observée, malgré l’objectif de vacciner 75 % des personnes à risque. Contre le Covid, seul un tiers des 65 ans et plus ont été vaccinés. Les couvertures vaccinales chez les professionnels de santé sont estimées à 9,9 % pour ceux exerçant en Ehpad, 11,1 % pour les libéraux et 12,2 % pour ceux exerçant en établissement de santé.
Huit personnes sur 10 favorables à la vaccination
L’adhésion à la vaccination s'est stabilisée en France métropolitaine à un niveau élevé : plus de huit personnes sur 10 (83,7 %) sont favorables à la vaccination en général, observe Santé publique France.
Cette proportion (83,7 %) apparaît « globalement stable » par rapport à 2022 et 2021 (84,6 % et 82,5 % respectivement) et dépasse la période avant-Covid, entre 2010 et 2019, selon l'édition 2023 du Baromètre Santé, dispositif d'enquêtes auprès d'échantillons représentatifs. Mais de fortes disparités socio-économiques demeurent.
Si la proportion de personnes très favorables à la vaccination (34,7 %) a progressé par rapport à 2022 et retrouvé les niveaux de 2020-2021, « l’adhésion vaccinale reste moins élevée chez les personnes disposant des diplômes ou des revenus les plus faibles », relève SPF. Et pour la première fois depuis la pandémie de Covid, cette adhésion a tendance à diminuer chez les plus âgés.
La défiance affecte principalement les vaccinations contre le Covid (29 % des 18-75 ans en métropole y sont défavorables), la grippe (6 %), l'hépatite B (4 %), ou encore les HPV (3 %).
La ligue contre le cancer s’engage contre les HPV
Les données de vaccination contre les infections à papillomavirus humain (HPV) en 2023 seront ajoutées « prochainement », promet Santé publique France. En attendant, la Ligue contre le cancer lance, à l’occasion de la semaine de la vaccination, une campagne pour mobiliser le grand public et avant tout les parents d’enfants et d’adolescents à l’importance du vaccin anti-HPV, campagne qui sera réitérée à l’occasion de juin vert (sensibilisation au dépistage du cancer du col de l’utérus), et à la rentrée des classes de 2024, pour soutenir la campagne de vaccination qui cible les élèves de 5e. Alors que l’OMS préconise une couverture vaccinale à 90 % contre les infections à HPV, elle n’est, en France, que de 41,5 % pour les filles âgées de 16 ans et de 8,5 % pour les garçons, en 2022. Chaque année, 6 300 cancers liés aux HPV sont diagnostiqués.
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