Faut-il faire jouer l'ouvreur gallois Dan Biggar ce dimanche 20 octobre, lors du quart de finale de la Coupe du monde de rugby à XV qui opposera la France au Pays de Galles ? Après deux chocs à la tête en une dizaine de jours, le sportif est bel et bien prévu sur le terrain. Une décision à contre-courant de la tendance actuelle qui vise à mieux protéger la santé des rugbymen.
Pour le Dr Bernard Dusfour, président de la Commission médicale de la Ligue nationale de rugby (LNR), interrogé par le « Quotidien », il s'agit d'un retour en arrière : « Depuis quelques années, des progrès ont été réalisés. Cette décision est donc surprenante et marque un coup d'arrêt sur les politiques menées. »
Le retour au jeu décidé par un neurologue
Dan Biggar a subi un premier choc le 29 septembre, lors du match Pays de Galles-Australie, entraînant la mise en place du protocole commotion. Le 9 octobre, l'ouvreur gallois quitte de nouveau le terrain après un coup de coude reçu d'un coéquipier lors d'un match contre les Fidjiens. Cette fois, il ne s'agirait pas d'une commotion. « Quand on observe ce qu'il s'est passé sur le terrain, la commotion est pour moi évidente », estime néanmoins le Dr Dusfour.
En France, les recommandations sont plus strictes qu'à l'étranger : « S'il s'agit de la première commotion en 1 an, le délai de reprise minimum est de 48 heures, si c'est la deuxième, il est de 3 semaines, et si c'est la troisième, il est de 3 mois », détaille le Dr Dusfour, précisant que ces règles étaient généralement bien appliquées. Dans tous les cas, la reprise de l'activité est décidée au cas par cas par un neurologue ou un neurochirurgien, et dépend de l'état clinique du patient. « Le retour au jeu est toujours progressif pour vérifier que les signes ne réapparaissent pas », ajoute le médecin.
Adaptation du cerveau
Une étude parue le 16 octobre dans « Neurology » s'est par ailleurs intéressée aux commotions cérébrales et à leurs conséquences à un an sur le cerveau. Ont été inclus 24 athlètes avec commotion cérébrale et une cohorte contrôle de 122 athlètes. Des IRM fonctionnelles ont été réalisées pour évaluer la structure et la fonction du cerveau à différents temps : une semaine après la blessure, lors du retour au jeu, et 1 an après le retour au jeu.
L'étude montre qu'après une commotion, le débit sanguin cérébral et la diffusivité moyenne sont modifiés sur le long terme et que les effets de la commotion cérébrale dépendent de l'intensité des symptômes cliniques.
« Ces résultats confirment que le traumatisme cérébral est un phénomène complexe qui entraîne une réorganisation cérébrale, indique au « Quotidien » le Pr Philippe Decq, neurochirurgien à l'AP-HP et expert auprès de la Fédération française de rugby. Toutefois, à ce stade, nous ne pouvons attribuer de signification clinique à ces observations, qui relèvent du domaine de la recherche ».
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