Près de la moitié des cas de démence pourraient être évités ou retardés en s’attaquant dès l’enfance aux facteurs de risque identifiés, met en évidence un nouveau rapport de la commission de The Lancet. Ce travail de compilation des connaissances sur la démence, rédigé par 27 experts, insiste sur le « potentiel » de la prévention pour réduire le fardeau de la démence, qui s’accroît avec le vieillissement de la population.
Le précédent rapport, paru en 2020, mettait déjà l'accent sur la prévention. Les auteurs estimaient alors que 40 % des démences étaient liées à une douzaine de facteurs de risque, de natures très différentes : faible niveau d'éducation, problèmes d'audition, tabagisme, obésité, pollution aérienne, dépression, isolement, traumatismes crâniens, hypertension…
Dans cette mise à jour, deux facteurs de risque sont ajoutés : l’hypercholestérolémie et la perte de la vision. Les auteurs estiment que 7 % des cas de démence sont attribuables à un taux élevé de lipoprotéines de basse densité (LDL) à la quarantaine et 2 % à une perte de vision non traitée. Les facteurs de risque ayant le plus d’impact sont la déficience auditive et un taux élevé de cholestérol LDL (7 % chacun), suivi par un faible niveau d’éducation au début de la vie et l’isolement social plus tard dans la vie (5 % chacun).
Plus de 150 millions de déments en 2050
Alors que le nombre de personnes atteintes de démence devrait presque tripler d'ici 2050, passant de 57 millions en 2019 à 153 millions, avec un coût annuel estimé à plus de 1 000 milliards de dollars, les auteurs émettent une série de 13 recommandations pour réduire les risques, et notamment : traiter la perte auditive ou de vue et la dépression ; être actif sur le plan cognitif tout au long de la vie ; utiliser un casque dans les sports de contact ; réduire les facteurs de risque vasculaires (hypercholestérolémie, diabète, obésité, hypertension artérielle) ; et améliorer la qualité de l’air.
« Il y a beaucoup plus à faire pour réduire le risque de démence. Il n'est jamais trop tôt ou trop tard pour agir, et il est possible d'avoir un impact à n'importe quelle étape de la vie, souligne le Pr Gill Livingston de l'University College London, auteur principal du rapport, dans un communiqué. Nous disposons désormais de preuves solides qu'une exposition plus longue au risque a un effet plus important et que les risques agissent plus fortement chez les personnes vulnérables. C'est pourquoi il est essentiel de redoubler d'efforts de prévention envers ceux qui en ont le plus besoin, notamment les personnes à revenus faible et moyen ».
Le rapport évoque également les avancées prometteuses dans le domaine des biomarqueurs sanguins et des anticorps anti-amyloïdes β pour la maladie d’Alzheimer. Si les auteurs estiment que les premiers constituent une « avancée significative » pour le diagnostic, ils sont plus prudents sur les seconds. Ces traitements sont nouveaux et ne disposent pas de données à long terme, expliquent-ils.
Deux traitements anti-Alzheimer ont déjà été approuvés aux États-Unis l'an dernier : le lécanemamb de Biogen et le donanemab d'Eli Lilly. Mais leurs effets restent modestes au regard de lourds effets secondaires et d'un coût élevé. Contrairement aux autorités sanitaires américaines, l'Union européenne a refusé la semaine dernière d'autoriser le lécanemab. Le cas du donanemab reste en suspens.
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points