Si les complications de l'infection au virus Zika ont bien été documentées chez les femmes enceintes et leurs bébés, les complications neurologiques survenant chez des individus en dehors de ce contexte sont moins connues. Une étude française* parue dans « Neurology » décrit avec précision la diversité de ces complications.
Les Antilles françaises ont été touchées en 2016 par une épidémie Zika. Tous les patients qui se sont présentés aux CHU de Guadeloupe ou de Martinique entre janvier et septembre 2016 pour des manifestations neurologiques récentes ont été inclus dans l'étude, soit 87 patients d'âge moyen 54 ans. Pour 65 d'entre eux, le diagnostic d'infection au virus Zika a été confirmé, pour 22 l'infection était probable ou suspectée. « La force de notre étude est d'avoir sélectionné des cas bien documentés », indique au « Quotidien » le Pr Emmanuel Flamand-Roze, co-auteur de l'étude.
46 % de syndrome de Guillain-Barré
Alors que beaucoup d'études se sont intéressées spécifiquement au syndrome de Guillain-Barré, cette complication ne concerne que 46 % des patients. D'autres complications ont été rapportées : des encéphalites et encéphalomyélites (20,7 % des cas), des paralysies isolées du nerf crânien (9,2 %), d'autres manifestations périphériques (6,9 %) et des accidents vasculaires cérébraux (1,1 %). « Nous avons clarifié la part respective des différents types de complications », note le Pr Flamand-Roze. De plus, 16,1 % des patients ont développé à la fois des atteintes centrales et périphériques.
Parmi les 87 patients, six enfants ont été inclus. « Nous montrons ainsi que les enfants ne sont pas épargnés par ces manifestations neurologiques », précise le neurologue.
Des séquelles à long terme
Un suivi sur le long terme (médiane de 14 mois) a été possible pour 76 patients. Un quart d'entre eux présentaient des séquelles, c'est-à-dire un handicap résiduel faible à majeur (évalué par le score de Rankin modifié), tel qu'un trouble de la marche ou de l'équilibre. Ils sont 7,9 % à présenter un handicap sévère (gestes quotidiens impossibles sans aide…). « Ces conséquences sur le long terme n'avaient encore jamais été étudiées », souligne le Pr Flamand-Roze.
Autre point mis en évidence dans cette étude : « Le fait de détecter l'ARN du virus dans un des liquides biologiques du patient dès son arrivée à l'hôpital est un facteur de mauvais pronostic », résume le neurologue.
* CHU de la Martinique, faculté de Médecine de l’Université des Antilles, CIC Antilles Guyane, INSERM, Institut Pasteur, CNRS, hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), Sorbonne Université et ICM.
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