Il existe une association positive entre le cancer de la prostate (tous stades confondus) et la quantité totale de calories ingérées, d'autant plus forte que le cancer est avancé : risque de 70 % plus élevé pour le plus haut quartile comparé au quartile le plus faible. L’obésité semble augmenter le risque de cancer agressif.
La consommation excessive de graisses saturées, d’origine animale, joue un rôle central dans la survenue du cancer de la prostate. 14 études cas contrôles comparant au total 4 797 patients et 5 779 témoins et cinq études de cohorte regroupant 98 924 hommes ont évoqué cette hypothèse. Parmi les études cas contrôles, 11 ont confirmé le rôle des graisses animales, avec un odd ratio (OR) de 1,3 à 1,4. Et quatre études de cohortes ont également confirmé le rôle des graisses animales avec un OR de 1,8 à 2,4.
L’effet des graisses animales sur le cancer de la prostate a aussi été souligné par une étude prospective, de 384 hommes ayant un cancer de la prostate évolué. Une enquête diététique était faite tous les trois mois. Avec un suivi médian de 5,2 ans, il est apparu que la consommation de graisses saturées triplait le risque de décès par cancer de la prostate (RR = 3,1, IC95 [1,3 – 7,7]). Plus récemment, il a été montré qu’une plus grande consommation de graisses saturées élevait le risque de récidive biochimique après prostatectomie radicale.
« Une étude d’intervention réalisée chez 90 hommes va dans le même sens. En réduisant à 10 % l’apport calorique quotidien par les graisses saturées, le PSA baisse de 4 % sur un an, alors qu’il s’élève de 6 % dans le groupe contrôle », a ajouté le Pr Nicolas Thiounn (HEGP).
Aliments
• Les acides gras polyinsaturés (oméga 3) à longue chaîne, apportés par les poissons, pourraient être associés à une diminution du risque de cancer de la prostate : RR = 0,56 ; IC95 [0,37 – 0,86] pour une consommation trois fois par semaine vs moins de deux fois par mois.
• Quant aux produits laitiers, les données sont peu concluantes. Alors que le calcium avait un temps été suspecté, la vitamine D semble au contraire avoir un effet protecteur.
• Le soja contient des isoflavones aux propriétés estrogène-like. Une étude de cohorte au Japon chez 43 500 personnes entre 60 et 74 ans, suggère une réduction de 50 % du risque de cancer de la prostate pour les plus grands consommateurs de soja.
• Le thé vert, qui contient des polyphénols antioxydants et catéchines (lire aussi page 22), a montré un effet protecteur dans des études de cas contrôle chez les grands consommateurs : plus de 40 ans de consommation et plus de 1,5 kg de feuilles par an. Cependant, il n’y a pas d’essai de supplémentation concluant.
• En ce qui concerne les fruits et légumes, notamment la tomate riche en lycopène, et les brocolis, leur effet protecteur a fait l’objet d’études jugées non concluantes. De même, des données expérimentales montrent un effet de la grenade sur le cancer de la prostate, mais il n’y a encore que trop peu de données cliniques.
D’après « Controverses Paris Descartes »
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