LE BILAN des apports alimentaires des adolescents témoigne d’un déséquilibre alimentaire, avec l’expression de troubles du comportement alimentaire et de conduites addictives, notamment d’une alcoolisation de plus en plus forte. L’activité physique est délaissée au profit des activités sédentaires. La nouvelle loi de santé publique 2010-2015 propose de réduire, en cinq ans, de 3 % la contribution moyenne des lipides totaux au sein des apports énergétiques et de 5 % la part moyenne des acides gras saturés au sein des lipides totaux, d’améliorer les apports en calcium et vitamine D chez les jeunes filles, de lutter contre la carence en fer, de réduire la consommation de sel (6,5 g/jour), et d’augmenter la consommation de fruits et légumes…
« La sédentarité doit être combattue, car elle entraîne des troubles du comportement alimentaire, une majoration des addictions, un excès pondéral, des troubles du sommeil et des modifications des résultats scolaires… Cinq aspects à aborder en consultation une à deux fois par an avec un médecin », estime le Pr Jean-François Duhamel (CHU de Caen). On recommande une activité physique minimum de 3 fois/semaine pendant 1 h, en faisant valoir au jeune le plaisir et l’impact positif sur les résultats scolaires. Il faut insister sur l’importance de 3 à 4 repas par jour (avec le goûter) et valoriser le repas en famille. Le petit-déjeuner devrait apporter un quart des besoins énergétiques de la journée et se composer d’une boisson, d’un produit céréalier (apport de glucides complexes), d’un produit laitier (calcium) et d’un fruit (vitamine C). « La prise régulière d’un petit-déjeuner peut avoir un impact positif sur les paramètres métaboliques, sur l’indice de masse corporelle et sur les performances cognitives (mémoire, humeur, résultats aux épreuves…) », souligne Agnès Mignonnac (responsable communication nutrition LU France).
Une approche délicate.
La première consultation de nutrition devrait toujours être une consultation spécifique, pour laisser le temps à une analyse globale de la situation. Le médecin doit recevoir et examiner l’adolescent en l’absence de parents, mais aussi inciter ces derniers à ne pas démissionner.
L’interrogatoire sur l’ancienneté et l’étiologie du surpoids ou de l’obésité (familiale ?), une enquête alimentaire et une évaluation de la sédentarité permettront de proposer une stratégie diététique souple et adaptée aux modes de vie de l’adolescent et de sa famille. « Il est important de tenir compte de ses préférences et de n’interdire aucun aliment – tout est question de quantité. Pour les adolescents, l’aspect prime sur le goût, ils préfèrent donc les légumes crus ou en gratin. Ils recherchent la pureté (ex. : les laitages) et n’aiment pas les aliments qui ont une odeur trop prononcée (ex. : le chou-fleur). Il faut être attentif aussi aux complications éventuelles (hypertrophie mammaire, syndrome d’apnées du sommeil, reflux gastro-sophagien, troubles cardiovasculaires, troubles de la statique…) », recommande le Dr Dominique-Adèle Cassuto (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris).
Un régime adapté aussi large que possible.
Souvent établi dès l’enfance, le diagnostic de maladie cliaque implique en principe une exclusion définitive du gluten, particulièrement difficile car elle limite la socialisation. Quant aux allergies alimentaires, même si elles sont relativement rares, les formes sévères à l’adolescence semblent augmenter. Il s’agit le plus souvent d’allergies à l’arachide, aux fruits à coque et aux crustacés. Généralement diagnostiquées tôt, elles perdurent et deviennent plus dangereuses à l’adolescence, surtout chez les sujets asthmatiques. Une exclusion totale des aliments concernés est nécessaire, ainsi qu’une prescription d’adrénaline sous forme de stylo injectable. Un adolescent qui a été allergique au lait dans sa petite enfance peut parfois tolérer les laitages, mais en quantité limitée et seulement sous certaines formes.
Le blé peut être responsable d’une pathologie à éosinophiles qui provoque des douleurs abdominales et une dysphagie, parfois une anaphylaxie à l’effort. Ces allergies non IgE-médiées sont particulièrement durables, mais de mécanisme immun encore mal compris.
« Le diagnostic n’est pas toujours facile et nécessite souvent un suivi par un professionnel de l’allergie, qui fera appel à des tests cutanés ou un dosage des IgE spécifiques. Les dosages d’IgG, souvent proposé à des prix élevés, sont inutiles et dangereux quand ils mènent à des régimes déséquilibrés. Le régime doit être aussi large que le tableau clinique le permet, en évitant d’exclure des aliments par précaution », conclut le Pr Christophe Dupont (hôpital Saint-Vincent de Paul, Paris).
Session parrainée par LU France.
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