Des bonbons et gâteaux qui contiennent systématiquement du dioxyde de titane (TiO2) sous forme nanoparticulaire (via le colorant E171), et ce sans que le consommateur en soit informé : tel est le constat que dresse « 60 Millions de consommateurs » dans son édition de septembre. La publication reproche aux industriels, dont la moitié lui a répondu ne pas utiliser de nanomatériaux, de manquer de rigueur ou de vigilance, en dépit d'un règlement européen (INCO) qui les contraint de signaler la mention « nano ».
« On ne sait pas grand-chose sur cette forme nano. On sait que les nanoparticules peuvent passer la barrière intestinale et se retrouver dans différents organes, comme le foie, le cœur, les poumons mais on ne sait pas encore ce qu'elles peuvent devenir. C'est ça qui nous pose problème, d'autant plus qu'une étude récente de l'INRA est parue en janvier 2017, qui entraîne un peu de suspicion », a expliqué à l'AFP Patricia Chairopoulos, co-auteure de l'étude.
Pour rappel, les chercheurs de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) montrent chez l'animal que le E171 pénètre la paroi de l’intestin et est associé à des troubles du système immunitaire liés à l’absorption de la fraction nanoparticulaire de l’additif. En outre, ils révèlent qu’une exposition orale chronique au E171 induit de façon spontanée des lésions prénéoplasiques dans le côlon, un stade non malin de la cancérogenèse, chez 40 % des animaux exposés. Des résultats qui témoignent d’un effet initiateur et promoteur des stades précoces de la cancérogenèse colorectale, sans toutefois permettre d’extrapoler ces conclusions à l’homme. Le ministère de la Santé avait alors saisi l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui avait rendu un avis en avril 2017, où elle confirme un « effet promoteur potentiel de la cancérogenèse de E171 observé au niveau du côlon » et appelait à de nouvelles expérimentations.
Vers des contrôles renforcés
En réponse à l'alerte de « 60 Millions de consommateurs », mais aussi à huit ONG qui lui ont adressé en juillet dernier une lettre ouverte demandant « la mise en place urgente de mesures de précaution » (à commencer par l'interdiction temporaire des nanoparticules présentes dans le colorant E171), le gouvernement en appelle de nouveau à l'ANSES. Les ministères de l'Ecologie, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Économie lui demandent de finaliser à court terme les travaux qu’elle a engagés visant à rassembler l’ensemble des données disponibles sur le dioxyde de titane, afin de « porter au niveau européen un dossier permettant d’enrichir par des données détaillées la réévaluation de cette substance par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ». Depuis octobre 2016, l'ANSES travaille sur l’impact potentiel pour la santé des nanomatériaux présents dans l’alimentation. En outre, d'autres études sur le passage de la barrière hémato-encéphalique du TiO2, sont en cours de finalisation.
Les ministres exhortent les industriels à respecter leurs obligations de transparence et d'étiquetage. Les services de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) viennent de mettre au point un ensemble de méthodes d’analyse fiables (qui seront présentées au niveau communautaire) pour contrôler la présence de ces substances dans les denrées alimentaires et non-alimentaires, font-ils savoir. Ces contrôles, présentés comme novateurs et dont les premiers résultats seront dévoilés dans le cadre des états généraux de l'alimentation, vont s'intensifier au second semestre. L'usage des substances sous forme nanoparticulaire dans l'alimentation sera débattu lors de ces états généraux lancés le 20 juillet dernier et qui doivent se terminer au mois de décembre.
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