Selon une nouvelle étude de cohorte, un régime alimentaire contenant davantage d'aliments bien notés sur l'échelle du Nutri-Score dans sa nouvelle version protégerait contre le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) et d'infarctus du myocarde. Les chercheurs de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren), équipe mixte de l’Inserm, d’Inrae, du Cnam, de l’Université Sorbonne Paris Nord et de l’université Paris Cité, en collaboration avec des chercheurs du Centre international de recherche sur le cancer (OMS-Circ) sont parvenus à ces conclusions en exploitant les données de la cohorte européenne Epic.
Cette dernière permet d’étudier en particulier les liens entre alimentation et santé cardiovasculaire. Les quelque 345 533 participants de la cohorte, répartis dans 7 pays d’Europe et suivis pendant 12 ans, devaient renseigner le contenu de leurs assiettes, et donner régulièrement les tickets de caisses d’achats alimentaires.
Un score validé dans plusieurs pays
Entre 1992 et 2010, 16 214 participants ont développé une maladie cardiovasculaire (dont 6 565 infarctus du myocarde et 6 245 AVC). Les résultats montrent que les personnes qui consommaient en moyenne plus d’aliments moins bien notés sur l’échelle du Nutri-Score présentaient un risque accru, notamment pour ces deux pathologies cardiovasculaires. Dans un article publié dans The Lancet Regional Health, chaque augmentation de 1 point sur la moyenne des Nutri-Score des aliments consommés (ce qui signifie une alimentation de moins bonne qualité) est associée à une augmentation de 3 % du risque d’infarctus et de 4 % de celui des AVC.
La même équipe avait déjà publié deux études sur l’utilité du Nutri-Score basées sur des données uniquement françaises. Outre sa puissance statistique bien plus importante, cette recherche permet de prendre en compte la nouvelle méthode de calcul du Nutri-Score entrée en fonction début 2024. Elle démontre en outre que l’utilisation de cet outil est pertinente dans des pays ayant des cultures culinaires très différentes (Espagne, Danemark, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Suède, Pays-Bas).
« Ces résultats, combinés à l’ensemble des données disponibles concernant le Nutri-Score et l’algorithme qui le sous-tend, confirment la pertinence du Nutri-Score en tant qu’outil de santé publique pour guider les consommateurs dans leurs choix alimentaires dans une optique de prévention des maladies chroniques », souligne Mélanie Deschasaux-Tanguy, chargée de recherche Inserm, dans un communiqué.
Danone et Bjorg quittent le navire
Cette étude sort alors que plusieurs industriels se détournent du Nutri-Score. Le 4 septembre dernier, le poids lourd de l'industrie agroalimentaire Danone a annoncé qu'il ne l'afficherait plus sur ses yaourts à boire, moins bien notés depuis que la mise à jour du mode de calcul du Nutri-Score les a classés dans la catégorie des boissons. Cette décision concerne les versions liquides des marques Actimel, Danonino, Hi-Pro, Danone ou encore Activia. Actimel, promu par le groupe comme un produit santé, est par exemple passé de A ou B à D. Le yaourt à boire pour enfants Danonino plonge aussi à D, en étant désormais considéré comme une boisson soda sucrée.
« C'est lamentable, extrêmement choquant, de voir que Danone abandonne le Nutri-Score lorsque les règles du jeu établies par des scientifiques ne lui plaisent plu », a réagi auprès de l'AFP Serge Hercberg, professeur de nutrition à l'université Sorbonne Paris Nord et concepteur du Nutri-Score. Le nutritionniste estime qu'il est « pertinent » de noter différemment yaourt solide et à boire, même à quantité équivalente de sucre : le second est en effet surtout pris en dehors des repas, comme « snack liquide », au risque d'amener « à une consommation importante chez les enfants et adolescents ».
Danone n'est pas la seule entreprise à avoir pris cette décision. Plus tôt dans l'année, l'entreprise agroalimentaire Ecotone a progressivement retiré le logo du Nutri-Score des produits de sa filiale Bjorg. Questionnée par Que Choisir, elle a annoncé que le Nutri-Score sera replacé par le Planet-Score, un indicateur de durabilité environnementale développé par l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab).
Adopté en France en 2017, et dans 6 autres pays européens depuis, le Nutri-Score fournit une information rapide pour comparer des aliments appartenant à une même catégorie de produits. Il comporte 5 catégories, allant de A – vert foncé, à E – orange, attribuées à un aliment ou une boisson en fonction d’un algorithme calculé à partir de sa composition pour 100 g en énergie, sucres, acides gras saturés et sel (à limiter) et en protéines, fruits, légumes et légumineuses (à favoriser).
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