Un collectif de chercheurs du CNRS, de l’INSERM et de l’INRA s’alarme des effets sanitaires délétères liés aux inhibiteurs de la succinate déshydrogénase (SDHI), une classe de pesticides utilisée à grande échelle comme antifongique en milieu agricole. « Les SDHI visent à bloquer une étape clé de la respiration des champignons, celle assurée par la succinate déshydrogénase (SDH) », expliquent ces chercheurs dans une tribune récemment publiée dans « Libération ». Détaillés sur le site bioRxiv, leurs travaux de recherche sur le blocage de l’enzyme SDH ont mis en lumière « un mécanisme de dérèglement cellulaire » conduisant à des anomalies épigénétiques. L’exposition aux SDHI via l’environnement et l’alimentation pourraient alors expliquer la survenue de diverses pathologies : encéphalopathies sévères, cancers, syndrome de Barth, maladie de Parkinson ou de Huntington…
Demande de suspension
Aux yeux de ces chercheurs, il s’avère aujourd’hui nécessaire de suspendre l’usage des antifongiques SDHI, « tant qu’une estimation des dangers et des risques n’aura pas été réalisée par des organismes publics indépendants des industriels distribuant ces composés et des agences » ayant précédemment octroyé les autorisations de mise sur le marché. Sollicitée par ce collectif, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a constitué un groupe d’experts en charge d’auditionner ces chercheurs à l’origine de l’alerte aux antifongiques SDHI. « Ce travail aura notamment pour objectif d’évaluer si des éléments nouveaux doivent être portés au niveau européen et, si nécessaire, de prendre toute mesure de gestion des risques qui apparaîtrait appropriée », indique l’ANSES dans un communiqué.
Générations futures embraye
Pour l’association Générations futures, cette alerte s’avère à elle seule suffisante pour justifier un « réexamen en urgence de l’évaluation de ces fongicides ». L’association pointe particulièrement le boscalid dont les résidus sont les plus fréquemment quantifiés par l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA). Cette alerte aux SDHI a en outre incité Générations futures à se replonger dans ses dernières enquêtes EXPPERT sur la présence de résidus de pesticides dans l’alimentation. Bien que ces travaux ne soient pas statistiquement significatifs, l’association a ainsi noté la présence de boscalid dans 46,9 % de 23 échantillons de fraises et dans 71 % de 31 échantillons de salades. « Quand on a vu sortir ce produit dans les résultats d’analyse, le boscalid n’étant pas classé perturbateur endocrinien ou cancérogène dans les bases de données officielles, cela ne nous avait pas alertés », confie François Veillerette directeur de Générations futures qui change désormais de braquet et attend « une prise de position officielle » des autorités françaises sur ce dossier. Alors que l’AMM du boscalid expire le 31 juillet prochain, l’association saisit la balle au bond en demandant à la France de s’opposer tout bonnement à sa réhomologation. Dans la lignée du collectif de chercheurs lanceurs d’alerte, Générations futures appelle enfin l’ANSES à « suspendre immédiatement » les autorisations de mise en marché des produits contenant du boscalid et autres SDHI « à titre conservatoire ».
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