Pour réduire le risque cardiométabolique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de privilégier un régime alimentaire riche en graisses insaturées d’origine végétale plutôt qu’en graisses animales saturées. Pour mieux quantifier les bienfaits d’une telle alimentation, des chercheurs se sont livrés à une analyse fine des lipides présents dans le sang, grâce à une méthode dite lipidomique.
Dans une étude publiée dans Nature Medicine, ils exposent les données lipidomiques d'un essai d'intervention diététique. Leur but ? Construire un score multilipidique résumant les effets du remplacement des graisses saturées par des graisses insaturées sur 45 concentrations de métabolites lipidiques. L’essai randomisé contrôlé de 16 semaines a inclus 113 participants : un groupe soumis à un régime riche en graisses animales saturées, un autre à un régime riche en graisses végétales insaturées. L’analyse des échantillons de sang a permis d’identifier des molécules lipidiques spécifiques reflétant les différents régimes alimentaires consommés.
Un score qui traduit la qualité des graisses consommées
« Nous avons résumé les effets [d’un changement de régime alimentaire, NDLR] sur les lipides sanguins avec un score multilipidique (MLS). Un MLS élevé indique un profil lipidique sanguin sain. Un apport élevé en graisses végétales insaturées et faible en graisses animales saturées peut aider à atteindre des niveaux positifs », explique Fabian Eichelmann de l'Institut allemand de nutrition humaine Potsdam-Rehbruecke et premier auteur de l'étude.
Les chercheurs ont ensuite appliqué leur score multilipidique aux données de plusieurs études de cohorte déjà réalisées avec un suivi de la santé à long terme : Epic-Potsdam Study (comparaison des régimes alimentaires nordique et méditerranéen sur le risque cardiovasculaire), Nurses’Health Study (étude des principaux facteurs de risque de maladies chroniques chez les femmes) et Predimed Trial (étude d’intervention sur le régime méditerranéen).
Dans la cohorte Epic-Potsdam, une différence dans le score multilipidique - reflétant une meilleure qualité des graisses alimentaires - était associée à une réduction significative de l'incidence des maladies cardiovasculaires (- 32 %) et du diabète de type 2 (- 26 %). « Notre étude confirme avec encore plus de certitude les bienfaits pour la santé d'un régime riche en graisses végétales insaturées comme le régime méditerranéen », souligne Clemens Wittenbecher, épidémiologiste à l'Université de technologie Chalmers et auteur principal de l'étude.
Vers un usage en pratique ?
Les résultats pourraient aussi « aider à fournir des conseils diététiques ciblés à ceux qui bénéficieraient le plus d'un changement de leurs habitudes alimentaires », poursuit-il. L’analyse des données de l’essai Predimed a en effet montré un bénéfice plus important d’un changement de régime alimentaire chez les sujets avec un score reflétant une consommation élevée de graisses saturées. La prévention du diabète apparaît plus prononcée chez les participants avec un score faible au début de l'étude.
« L’alimentation est si complexe qu’il est souvent difficile de tirer des preuves concluantes d’une seule étude. Notre approche consistant à utiliser la lipidomique pour combiner des études d'intervention avec des régimes alimentaires hautement contrôlés et des études de cohortes prospectives avec un suivi de la santé à long terme peut surmonter les limites actuelles de la recherche en nutrition », conclut Clemens Wittenbecher.
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