Le comportement alimentaire humain, son contrôle et sa régulation, reposent sur un dialogue physiologique périphéro-central permanent, associé à une intégration et un traitement cognitif constant des stimuli extérieurs, conditionnés par le statut nutritionnel et le rapport à l’alimentation de chacun.
Si apports et dépenses énergétiques ont pendant longtemps été considérés comme deux facteurs indépendants régulant le bilan énergétique, il apparaît aujourd’hui évident que l’exercice physique peut non seulement générer une dépense énergétique, mais aussi modifier ces voies neurophysiologiques qui contrôlent la prise alimentaire.
« En effet, on a longtemps considéré que pour générer une perte de poids, il fallait intervenir sur la balance énergétique, soit en augmentant les dépenses par l’activité physique, soit en utilisant une restriction calorique, et ce de manière très indépendante, sans considérer les interactions entre ces deux versants de la balance. Or, on voit bien que ces stratégies n’ont qu’une efficacité limitée », explique le Dr David Thivel (Laboratoire AME2P, université Clermont Auvergne).
Les travaux conduits jusqu’à présent ont permis de mettre en évidence une adaptation nutritionnelle aux exercices aigus, majoritairement médiée par les hormones peptidiques gastro-intestinales orexigènes (ghréline) ou anorexigènes (PYY, CCK ou GLP1) en fonction des caractéristiques de l’exercice réalisé (intensité, durée…).
Une action seulement chez les obèses
« La grande majorité des études conduites dans ce domaine se sont ainsi intéressées aux effets de l’activité physique au niveau périphérique. Notre projet, soutenu par la Fondation Nestlé France, a eu pour objectif d’identifier le rôle potentiel de l’exercice physique sur le contrôle neuronal lié à la prise alimentaire, chez des adolescents obèses et chez leurs homologues normo-pondérés », déclare le Dr David Thivel.
Une première étude conduite auprès de 20 adolescents obèses a permis de mettre en évidence, pour la première fois, une réduction significative de l’activation neuronale en réponse à un stimulus alimentaire suite à un exercice physique de 45 minutes chez ces adolescents (en comparaison à une situation de sédentarité imposée), accompagnée d’une réduction significative de leur prise alimentaire, ad libitum, sans altération de leur sensation d’appétit.
La seconde phase de ce projet a eu pour objectif d’étudier un éventuel effet statut pondéral, en comparant ces réponses neurocognitives post-exercice entre deux groupes : un groupe d’adolescents minces (n = 14) et un groupe d’adolescents obèses (n = 14). Les résultats tendent à montrer que l’exercice physique ne permet de modifier ce contrôle neurocognitif de la prise alimentaire que chez les sujets obèses. « Ces résultats génèrent un questionnement quant au rôle exact que peut jouer l’activité physique sur la balance énergétique et ses mécanismes neurophysiologiques », ajoute le Dr David Thivel. « Il faudrait pouvoir regarder ce qui se passe à long terme ».
« En pratique, à court terme, il semble logique de conseiller un exercice modéré et continu pour utiliser au maximum les lipides, en intercalant des exercices très intenses et plus courts, une demi-heure avant les repas pour réduire spontanément la prise alimentaire au repas qui suit ».
D’après un entretien avec le Dr David Thivel (Laboratoire des adaptations métaboliques à l’exercice en conditions physiologiques et pathologiques, Clermont Auvergne Université-Clermont–Ferrand)
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