L’arachide : une légumineuse
L’arachide (Arachis hypogaea) fait partie du groupe des légumineuses correspondant à la famille des Fabaceae dans la classification botanique. On y retrouve : les haricots, les pois, les lentilles, les fèves, l’arachide, le soja, etc.…
Le pouvoir allergisant de cet aliment d’origine végétale est incontestable. Actuellement, la prévalence de l’allergie à l’arachide est estimée en France entre 0,3 et 0,75 % de la population.
La nomenclature internationale
La dénomination actuelle des allergènes de l’arachide est basée sur la nomenclature adoptée par l’OMS et l’IUIS (Union Internationale des Sociétés d’Immunologie) en 1986. Il s’agit d’associer pour le nom de l’allergène : les trois premières lettres du genre (Ara pour Arachis) suivi de la 1re lettre de l’espèce (ah pour hypogaeae) puis un chiffre correspondant à son ordre de découverte pour exemple : Ara h 1 est le premier allergène identifié dès 1991. Depuis, de nombreuses autres protéines ont été répertoriées jusqu’à Ara h11.
Les allergènes majeurs
Par définition, l’allergène majeur est défini selon le taux de sensibilisation supérieur à 50 % chez les allergiques à l’allergène en question (le taux de sensibilisation pour un allergène mineur étant à inférieur à50 %).
Pour l’arachide, ses allergènes majeurs, protéines de réserve, sont localisés dans les corps protéiques de la graine. Jusqu’alors, trois sont identifiés :
- Ara h 1 : viciline glycosylée résistante à la chaleur et à la digestion ;
- Ara h 2 : son fort pouvoir allergisant en fait l’allergène le plus connu. Il s’agit d’une albumine comme Ara h 6 et Ara h 7 qui eux sont des allergènes mineurs. Les IgE dirigées contre Ara h 2 sont présentes chez la plupart des patients allergiques à l’arachide ;
- Ara h 3 est une globuline 11 secondes.
L’allergène mineur Ara h 4 possède une structure et est identique pour 96 % à Ara ah 3.
Les allergènes mineurs et les autres
Il s’agit d’Ara ah 6 et d’Ara ah 7 (albumines 2 secondes comme Ara ah 2), Ara ah 8 (souvent responsable du syndrome oral après ingestion de certains aliments par allergie croisée avec l’allergène majeur Ber vs 1 du pollen de bouleau), Ara ah 5 profiline : également homologues d’allergènes de nombreux pollens, ils offrent peu d’intérêt pour l’instant. Ces deux derniers allergènes, contrairement aux autres, sont sensibles à la chaleur (cuisson) et aux protéases digestives ce qui limite le plus souvent les symptômes cliniques à la consommation d’aliments crus ;
- Ara h 9 est une LTP (protéine de transfert lipidique) souvent présente dans les parties aériennes des plantes (cf. FMC du 12 avril 2010 : connaissance des allergènes à structure complexe). C’est vraisemblablement un allergène important de l’arachide ;
- Ara h 10 et Ara h 11 sont des oléosines ;
- L’Ara h agglutinine est une lectine végétale dont la structure se rapprocherait d’autres lectines de légumineuses, en particulier de celle du soja. Cela pourrait expliquer certaines réactions croisées entre différents aliments.
Les allergènes recombinants
Une meilleure connaissance des allergènes de l’arachide permet d’aboutir à la fabrication d’allergènes recombinants très utiles pour l’aide au diagnostic, au suivi de l’évolution de la maladie allergique ou de l’apparition de possibles allergies croisées. C’est par manipulation génétique que l’allergène recombinant est « fabriqué ». Il reproduit en principe à l’identique l’allergène naturel permettant ainsi l’obtention de préparations allergéniques toujours identiques contrairement aux extraits globaux proposés jusqu’alors. L’appellation de l’allergène recombinant est toujours précédée d’un ‘r’. Pour l’arachide. Il s’agit de Ara h 1, rAra h 2, etc…
Pour l’instant, leur seule application réside dans la recherche d’IgE-spécifiques par le biais d’un bilan sanguin. Les tests cutanés et les produits de désensibilisation restent encore à l’heure actuelle préparés à base d’extraits commerciaux classiques.
La prescription d’un dosage d’IgE-spécifiques vis-à-vis des allergènes recombinants selon la méthode Immunocap Phadia n’est pas à envisager à la légère. Elle doit faire partie du bilan allergologique avec des tests cutanés à l’appui et respecter la nomenclature actuelle : 5 RAST par famille (5 pneumallergènes et 5 trophallergènes recombinants inclus) sans cumul avec les tests de dépistage, le dosage des IgE-totales ou les tests semi-quantitatifs. À noter que pour l’instant ces dosages ne sont pas disponibles pour tous les allergènes recombinants. Leur interprétation nécessite une bonne connaissance de l’allergologie moléculaire. Le test étalon or de l’allergie alimentaire restant le TPO (test de provocation orale).
Pas de conflit d’intérêt
Merci au Professseur P. Rougé, UMR-CNRS 5546, Université de Toulouse pour ses corrections
Références :
-www. allergen. org
- « La lectine de l’arachide » : P. Rougé, Revue Française d’Allergologie, 50 (2010), 281-284.
- « Quoi de Neuf dans la description des allergènes de l’arachide et des fruits à coque », P.Rougé, R.Culerrier,F.Rancé, A.Barre , Revue Française d’Allergologie, 49 (2009) 230-234.
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