COMME L’A RAPPELÉ, lors de la signature de la charte, le président du CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel), Michel Boyon, ce n’est pas la première fois que la télévision relaye des campagnes au service de la santé publique : canicule, grippe aviaire et autres alertes sanitaires ont déjà donné lieu à des engagements volontaires des chaînes. Cette fois, c’est contre l’épidémie d’obésité que les professionnels ont décidé d’amorcer « une démarche vertueuse », selon la formule de Roselyne Bachelot.
Avec sa collègue de la Culture Christine Albanel, la ministre de la Santé a joué, depuis mai 2008, les bons offices entre les différentes instances représentatives de l’audiovisuel, de la publicité et de l’agroalimentaire. Elle les a finalement toutes ralliées à un engagement commun : « Financer, produire et diffuser des programmes valorisant les bons comportements en matière de nutrition et d’activité physique ». Un volume total annuel compris entre 340 et 470 heures devrait être réalisé. Des programmes courts visant le jeune public mettront en valeur les bonnes pratiques alimentaires, en accord avec les repères édictés par le PNNS (programme national Nutrition Santé), les chaînes et leurs régies publicitaires consentiront des conditions tarifaires préférentielles pour les campagnes de promotion dont l’augmentation de la consommation est conseillée ; enfin, la promotion du site www.mangerbouger.fr devra être régulièrement assurée sur les antennes.
Pour Roselyne Bachelot, cette charte, « unique et inédite », représente « un engagement collectif fort des professionnels » et elle va faire l’objet d’un suivi attentif de la part du CSA, chargé d’en piloter l’évaluation. Christine Albanel n’a pas caché que le combat avait été rude pour arriver à « faire prévaloir la voix de la raison, de l’incitation et de la pédagogie contre celle de l’interdiction et de la prohibition ».
Un contre-feu ?
Les avis restent cependant partagés sur une charte, qui, selon l’UFC-Que Choisir, viserait essentiellement à « ouvrir un contre-feu pour éviter une réglementation plus contraignante, telle que la proposent les amendements au projet de loi sur l’hôpital ». La ministre de la Santé avait elle-même annoncé, en avril dernier, son intention de limiter la publicité à des heures ciblées, mais elle avait alors suscité une levée de boucliers de la part des chaînes jeunesse qui tirent une bonne partie de leurs ressources de ce type de publicité. Pour les députés PS, « la charte vise à contourner les amendements déposés pour interdire la publicité télévisée sur les produits sucrés ». L’un de ces amendements socialistes a été défendu par une élue UMP, Valérie Boyer, et adopté par la commission des Affaires sociales, qui propose d’interdire la publicité télévisée pour tous les produits trop sucrés ou trop gras dans les programmes jeunesse.
Dénonçant « une opération de lobbying intolérable », le cardiologue PS Gérard Bapt, a exprimé son espoir que « l’Assemblée, unanime, se lève pour adopter les amendements », lorsque ceux-ci seront soumis au vote, début mars, lors de la discussion du volet santé publique de la loi sur l’hôpital.
Roselyne Bachelot, pour sa part, n’a pas caché que, si le bilan dressé dans un an par le CSA n’était pas concluant, il faudrait alors envisager de « prendre des mesures par la voie législative ». Le gouvernement devrait donc rejeter les amendements en discussion.
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