Si les gastro-entérocolites à éosinophiles sont bien connues en Amérique du Nord, en France l'incidence de la maladie est plus rare. « Pour une raison inconnue, les gastro-entérocolites à éosinophiles sont bien plus fréquentes en Amérique du Nord qu'en France. Néanmoins, depuis quelques années, ces pathologies sont de moins en moins rares en France. Dans mon service, nous avons diagnostiqué durant les 7 dernières années, 15 cas de gastro-entérocolites à éosinophiles alors que nous n'en observions aucun auparavant », indique le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastro-entérologie pédiatriques de l'hôpital Trousseau (Paris).
Les patients atteints de gastro-entérocolites à éosinophiles présentent soit des symptômes digestifs (douleurs abdominales, diarrhée, saignements digestifs…), soit uniquement des anémies par carence martiale réfractaire. « C'est le cas, notamment, des derniers patients que j'ai diagnostiqués. Ceux-ci présentaient une anémie par carence martiale : leur taux de ferritine avait beaucoup de mal à remonter malgré la supplémentation en fer. Et, dès l'arrêt de cette supplémentation, le taux de ferritine s'effondrait. Ils n'avaient, par ailleurs, aucun signe digestif. Mais après biopsie, leur paroi intestinale s'est révélée être riche en éosinophiles », relate le Pr Tounian. Le diagnostic des gastro-entérocolites à éosinophiles se fonde sur l’analyse histologique de prélèvements endoscopiques obtenus devant un faisceau d’arguments cliniques et biologiques.
Une thérapeutique complexe
Le traitement est, par ailleurs, compliqué. Il consiste, tout d'abord, à rechercher les aliments auxquels le patient serait allergique et d'exclure ces derniers pour tenter d'obtenir la guérison. « Celle-ci n'est pas toujours possible par le biais de l'éviction des allergènes alimentaires (lait, blé…). Les récidives sont fréquentes. Et, parfois, les maladies gastro-entérocoliques à éosinophiles évoluent en maladies inflammatoires », souligne le Pr Tounian.
Les maladies gastro-entérocoliques à éosinophiles peuvent, en outre, être traitées par corticoïdes. En cas d'échec, le traitement consiste alors à retirer tous les allergènes alimentaires et donc, à prescrire des solutions d'acides aminés à prendre par voie entérale. « Ce traitement est, néanmoins, très contraignant car le patient ne mange plus rien. Souvent, il se décourage et préfère reprendre une alimentation normale, quitte à devoir soigner son anémie par une supplémentation très régulière en fer », conclut le Pr Tounian.
D'après un entretien avec le Pr Patrick Tounian, chef du service de nutrition et gastro-entérologie pédiatriques de l'hôpital Trousseau (Paris)
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