À L’APPROCHE de l’été, rien de très étonnant à découvrir dans les journaux un « régime miracle » de plus, nous direz-vous. Sauf que le dernier-né des régimes, Eco Atkins présente d’intéressantes propriétés médicales. Non seulement, il ferait maigrir mais il contribuerait également à normaliser le bilan lipidique et la tension artérielle. C’est ce que vient de prouver une équipe canadienne en le testant chez 47 sujets en surpoids et hyperlipidémiques. Une question brûle les lèvres : en quoi consiste donc ce régime ? Il est pauvre en hydrates de carbone, comme le régime Atkins dont il est une variante. Mais contrairement à son aîné riche en protéines d’origine animale, il est exclusivement végétalien. L’apport protéique provient uniquement du gluten, du soja, de fruits frais et à coques, des légumes, d’huiles végétales et de céréales.
Une composition différente en nutriments.
Le Dr David Jenkins et ses collaborateurs de l’hôpital de Toronto ont ainsi testé pour la première fois l’effet de la substitution des protéines et des graisses d’origine animale par celles d’origine végétale. À apport calorique égal sur une période de 1 mois, l’équipe a comparé une telle diète (26 % d’hydrates de carbone, 31 % de protéines végétales, 43 % de lipides) à un autre régime sans viande, végétarien cette fois, pauvre en lipides (25 %) et riche en protéines d’origine animale (lait, uf) et en hydrates de carbone (16 et 58 %). L’efficacité a été évaluée sur plusieurs paramètres : perte de poids, bilan lipidique (LDL et HDL cholestérol, apolipoprotéines A et B) et pression artérielle. Parmi les 44 sujets ayant suivi le régime jusqu’à la fin, la perte de poids constatée était la même dans les deux groupes, soit 4 kg environ. En revanche, dans le groupe Eco Atkins, le LDL-cholestérol (LDL-C), le HDL-C total et le rapport apolipoprotéine B/apolipoprotéine A1 étaient significativement plus bas que dans le groupe du régime riche en hydrates de carbone. La pression artérielle était également plus basse, à la fois sur les chiffres systoliques et diastoliques.
Des plantes contre les graisses.
Ces résultats suggèrent qu’un tel régime pourrait être proposé aux sujets à risque cardio-vasculaire élevé. Il est intéressant de noter au passage que pour maigrir, manger différemment ne change pas grand-chose, il faut manger… moins. Ainsi, à apport calorique égal, la répartition des macronutriments ne semble pas être en soi un facteur d’amaigrissement, en dépit de l’effet sur la satiété et la thermogénèse des ingestats protéiques. Des régimes végétariens riches en hydrates de carbone avaient déjà montré un bénéfice sur l’évolution de la maladie coronarienne, le poids et les taux de LDL-C. En revanche, comme les apports en lipides étaient restreints, les taux de HDL-C diminuaient, et ses effets protecteurs avec. Dans cette étude, si le HDL-C total était diminué de 16 %, le HDL-C restait stable, très probablement grâce au soja et aux fruits à coques. De même, il est très probable que ces aliments soient également responsables de la diminution du LDL-C. À noter que les fibres pâteuses de l’avoine et de l’orge pourraient également freiner l’absorption des lipides. De plus, les graisses d’origine végétale, polyinsaturées pour la plupart, sont associées à une protection cardio-vasculaire. Quant à la pression artérielle, tout régime entraînant une perte de poids s’accompagne d’une diminution des chiffres artériels. Néanmoins à amaigrissement équivalent, il a été constaté une plus forte baisse de la tension artérielle dans le groupe à faible apport en hydrates de carbone.
Des questions importantes restent néanmoins en suspens. L’apport en hydrates de carbone peut-il encore être diminué ? Ou existe-t-il un équilibre optimal dans la répartition des macronutriments propre à chaque individu ? Sans compter que les effets du régime Eco Atkins sont encore à démontrer sur le long terme.
Arce Intern Med, volume 169, numéro 11 ; 8 juin 2009.
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