Le prochain Programme national nutrition santé (PNNS) intégrera-t-il les enjeux environnementaux dans ses prochaines recommandations ? C’est en tout cas ce que préconise un rapport de 180 pages rédigé et publié ce 20 février par le Réseau action climat (RAC) et la Société française de nutrition (SFN). Le message principal : moins de viande au profit des végétaux.
Le PNNS actuellement en vigueur fixe les quantités maximales de consommation hebdomadaire à 500 g pour la viande rouge et 150 g pour la charcuterie, tout en recommandant de privilégier la consommation de volaille par rapport aux autres viandes. Selon le rapport, pour le PNNS 5, il faudrait revoir ces recommandations à la baisse. L’ensemble des scénarios prospectifs sur les régimes alimentaires durables (Solagro, Iddri, WWF France, Ademe et EAT-Lancet) convergent en effet vers la nécessité de réduire la consommation de toutes les viandes, volaille incluse, au profit d’une consommation accrue de fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses et fruits secs.
Une telle végétalisation de l’alimentation se traduirait par d’importants bénéfices aussi bien pour la santé humaine que planétaire. En France, pourtant, la consommation totale de viande ne fait qu’augmenter. Cette hausse s'explique surtout par la croissance démographique mais, par ailleurs, contrairement à une idée répandue, la consommation de viande par habitant ne diminue pas. Elle stagne depuis 2013, voire repart légèrement à la hausse. Quant à la consommation de légumineuses, elle a été divisée par quatre ces vingt dernières années. Les Français en mangent environ 2 kg/an, soit deux fois moins que la moyenne européenne et quatre fois moins que la moyenne mondiale.
Les légumineuses sont une catégorie emblématique pour l’atteinte d’une alimentation durable
Rapport du Réseau Action Climat et de la Société française de nutrition
Les Français gagneraient pourtant beaucoup à consommer davantage de ces petites graines. « Les légumineuses sont une catégorie emblématique pour l’atteinte d’une alimentation durable car elles présentent à la fois un très faible impact environnemental et une très bonne qualité nutritionnelle (richesse en fibres, en protéines de bonne qualité, mais aussi en vitamine B9 ou folates, potassium, fer, magnésium et calcium) », lit-on dans le rapport, qui en préconise une consommation quotidienne, entre 65 et 100 grammes.
Pour favoriser le suivi par la population de ces recommandations nutrition-climat plus ambitieuses, le RAC et la SFN appellent entre autres à la mise en place de mesures « visant à faire évoluer les représentations sur la viande et les légumineuses ». Autrement dit, il faut agir sur l’environnement socioculturel de l’alimentation, soit tout ce qui définit « ce qu'il est "normal" ou "valorisant" de consommer, et qui a une forte influence sur les pratiques réelles des individus », explique Charlie Brocard, chercheur spécialiste des politiques alimentaires à l’Iddri, coauteur d’un rapport sur le sujet.
Les pays du Nord ont ouvert la voie
Aux côtés des pouvoirs publics, dont les guides alimentaires font autorité et sont généralement bien connus par la population, les acteurs privés (à travers le marketing et la publicité) et les prescripteurs (influenceurs, chefs cuisiniers ou médecins) façonnent l’environnement socioculturel des pratiques alimentaires. La campagne à destination des 18-35 ans « Future is légumineuses », lancée le 8 février par la chaire Aliment Nutrition Comportement Alimentaire (Anca) d’AgroParisTech, veut changer la réputation un peu terne des légumineuses par une image branchée, mettant en valeur le fait qu’il s’agit d’aliments à la fois économiques, rassasiants et nutritifs.
Pour Charlie Brocard, cette initiative est à saluer mais « devrait être complétée par des mesures qui jouent sur les autres volets des environnements alimentaires ». Notamment, le chercheur souhaite un progrès « sur la transparence de la part de l'offre en grande distribution en matière de protéines végétales et animales, pour mieux comprendre à quel point le manque d'offre est un facteur limitant » pour la végétalisation des assiettes.
Quelque 25 pays (principalement européens) ont d’ores et déjà intégré la dimension environnementale dans leur guide alimentaire officiel. Et de prendre en exemple le Danemark qui, « suivi par les pays du Nord plus globalement, a mis en place une politique globale visant à promouvoir de nouveaux régimes alimentaires avec plus de local, d'oléagineux, de saisonnier, de légumineuses : la New Nordic Diet. Celle-ci joue à la fois sur les normes, via de larges campagnes médias et la participation de chefs, et sur l'offre en grande distribution de ces produits ».
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