Si le sémaglutide (agoniste des récepteurs du GLP-1, ou analogues du GLP-1) et le tirzépatide (agoniste double des récepteurs du GLP-1 et du GIP) réduisent efficacement le poids des patients obèses, la perte d'appétit et les changements de comportement alimentaire s’accompagnent souvent de déséquilibre alimentaire, source de carences. Un groupe de travail de la Société américaine de l'obésité s'est mis en devoir de produire des recommandations nutritionnelles spécifiques aux patients traités par ces nouveaux médicaments de l'obésité. Ce travail, soutenu par le laboratoire Eli Lilly, sera publié plus tard courant de l’année.
Les patients qui répondent favorablement au traitement peuvent connaître une perte d’au moins 15 % de leur poids initial, du même ordre que celle observée après chirurgie bariatrique. Cette efficacité peut être limitée dans le temps, si des interventions ne sont pas faites sur le mode de vie et notamment l'alimentation.
Les deux molécules ont une autorisation de mise sur le marché européenne dans le diabète de type 2 et l’obésité. En France, le remboursement ne concerne que l’indication du diabète de type 2 pour le sémaglutide (Ozempic, Novo Nordisk). Le sémaglutide indiqué dans l’obésité (Wegovy, Novo Nordisk), qui a obtenu un accès précoce (non renouvelé par le laboratoire), est en attente de la décision de la Haute Autorité de santé. Quant au tirzépatide (Moujaro, Eli Lilly), il n’est pas encore pris en charge dans les deux indications.
Les patients traités par sémaglutide ou tirzépatide ont généralement un appétit réduit et un sentiment de satiété plus rapidement atteint. « Dans ce contexte, la qualité de l'alimentation est encore plus importante », insistent les recommandations. Plusieurs études suggèrent en outre que ces médicaments ont également un impact sur les préférences alimentaires. S’il existe encore peu d'études qui démontrent un effet des nouveaux traitements de l'obésité sur le risque de carences, les auteurs estiment ce risque plausible, par analogie avec ce qui est décrit dans la littérature accumulée jusqu’ici pour la chirurgie bariatrique. La carence en micronutriments, en particulier, constitue une crainte majeure des nutritionnistes.
Lutter contre les mauvais comportements induits par le traitement
Pour obtenir la collaboration de patients, les auteurs préconisent le modèle des « 5 A » : Ask, Assess, Advise, Agree, Assist, ce qui signifie demander, évaluer, conseiller, convenir et assister en Français. « Une attention doit également être accordée aux autres facteurs de risque qui peuvent influencer la réponse au traitement et la qualité de vie, tels que l'activité physique ou la santé sociale et émotionnelle », indiquent les auteurs.
Les aliments riches en nutriments comme les fruits, les légumes, les céréales complètes, les pois, les œufs, la volaille ou les lentilles constituent de bonnes sources de vitamines, de minéraux et avec peu de sucres ajoutés, ce que préconisent les auteurs.
Les recommandations se décomposent entre les différents critères : les liquides (les auteurs recommandent 2 à 3 litres par jour, en limitant les boissons sucrées, alcoolisées ou contenant de la caféine), l’énergie (entre 1 200 et 1 500 kcal par jour pour les femmes, et entre 1 500 et 1 800 pour les hommes, principalement sous la forme de protéines, de céréales entières, de produits laitiers peu gras), les fibres (21 à 25 g/jour pour les femmes, 30 à 38 g/jour pour les hommes) ou encore les protéines (recommandés sous forme de pois, noix, céréales, fruits de mer, volaille, produits laitiers).
En ce qui concerne les glucides, les auteurs suggèrent de limiter leurs apports à 45 à 65 % des besoins énergétiques, et qu’ils proviennent principalement absorbés de produits non transformés, comme les fruits, les légumes, les noix, des graines et les produits laitiers. De même, les lipides sont limités à 25 % de l'apport énergétique recommandé et de préférence issus d’oléagineux, d’avocat, d’huiles végétales ou de poissons gras.
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