Helminthiase animale
Helminthiase animale due à un nématode du genre Gnathostoma, la gnathostomose est due à la consommation de viande ou de poisson cru ou insuffisamment cuit. La gnathostomose humaine est endémique dans certains pays d’Asie du Sud-Est et d’Amérique latine. Depuis le début des années 1980, on observe une augmentation des cas de gnathostomoses importés par les voyageurs dans les pays occidentaux.
Modes de contamination
L’homme est un hôte accidentel. Le principal mode de contamination est la consommation de chair crue ou insuffisamment cuite de poisson d’eau douce (tilapia en particulier) et de viande. Dans certains cas, il peut y avoir pénétration cutanée chez les personnes ayant préparé les plats et ayant manipulé les aliments crus. Il pourrait également y avoir une transmission périnatale. L’homme étant un hôte accidentel, les larves ingérées ne parviennent pas à maturation et entraînent un syndrome de larva migrans, le plus souvent cutanée, parfois viscérale. La migration dans certains organes, en particulier le système nerveux central, peut mettre en jeu le pronostic vital. En effet, si la gnathostomose est le plus souvent bénigne, elle peut avoir des conséquences dramatiques, en particulier lors de migrations larvaires, oculaires ou neurologiques, qui imposent un diagnostic rapide. C’est dire toute l’importance de reconnaître la maladie devant certains signes cliniques et ce d’autant que le patient a voyagé en zone d’endémie.
Clinique
La phase d’invasion est mal connue car elle est de courte durée et les symptômes peu spécifiques (fièvre, nausées, diarrhée.). La phase d’état se traduit par un syndrome de larva migrans cutanée ou viscérale. Dans la plupart des cas, cette larva migrans est cutanée et l’on décrit deux principaux types de lésions : œdème sous-cutané érythémateux à type de panniculite, migratoire, intermittent, et plus rarement cordon sous-cutané serpigineux, se déplaçant à la vitesse maximale de 1 cm/heure. Ces manifestations cutanées débutent généralement 3 à 5 semaines après l’absorption des larves ; dans certains cas, la maladie peut rester silencieuse pendant des mois voire des années. La gnathostomose cutanée évolue sur un mode récurrent avec des épisodes survenant toutes les deux à quatre semaines. Sans traitement, les symptômes peuvent durer plusieurs années, jusqu’à douze ans, les épisodes devenant moins fréquents et moins intenses au fil du temps.
De façon beaucoup plus rare, les larves peuvent migrer dans les organes profonds, entraînant des signes divers en fonction des localisations. Celles-ci peuvent être pulmonaires, gastro-intestinales, génito-urinaires, oculaires, auriculaires ou encore neurologiques. Les localisations neurologiques, rares, peuvent se manifester par une encéphalite, une atteinte des paires crâniennes, une myélite avec paraplégie ou quadriplégie, une radiculite ou encore par des hémorragies sous-arachnoïdiennes. Si le patient est traité tardivement, les séquelles peuvent être irréversibles.
Diagnostic et traitement
Le diagnostic est parfois affirmé par la mise en évidence de la larve de gnathostomose dans la peau ou les viscères. Mais il repose le plus souvent sur un faisceau d’arguments épidémiologiques, cliniques et biologiques (hyperéosinophilie, sérodiagnostic positif).
Jusqu’en 1993, le traitement était quasi exclusivement chirurgical. À partir de 1994, l’albendazole était le traitement de choix de la gnathostomose. À la dose de 400 mg, 1 ou 2 fois/jour pendant 21 jours, le taux de guérison était de 94 %. Désormais, du fait de sa rapidité d’action et de sa facilité de prise (1 prise/jour pendant 2 jours consécutifs), l’ivermectine est devenue le traitement de référence.
D’après la communication du Pr Éric Caumes (Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris) lors des Journées conjointes de la Société française de mycologie médicale, de la Société française de parasitologie et de la Société de médecine des voyages (Angers).
Pr Éric Caumes : pas de conflit d’intérêt pour cet article.
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