Un régime alimentaire de type méditerranéen − riche en fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes, huile d’olive et poissons gras − permettrait de prévenir le développement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), première cause de handicap visuel chez les plus de 50 ans.
Une nouvelle étude publiée par des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Bordeaux au Centre de recherche « Bordeaux Population Health » met en évidence de façon inédite une association entre les caroténoïdes circulants − des pigments végétaux protecteurs pour la rétine − et une réduction du risque de développer une forme avancée de DMLA. Ces travaux, fondés sur le suivi sur 8 ans de 609 personnes âgées en moyenne de 73 ans, constituent la première étude longitudinale à identifier cette association et font l’objet d’une publication dans la revue « Nutrients ».
À un stade avancé, la DMLA prend deux formes : la forme néovasculaire, ou humide, que l’on soigne par injection d’anti-VEGF directement dans l’œil, et la forme atrophique, ou sèche, pour laquelle il n’existe pas encore de traitements. Mais à défaut de soigner complètement la maladie, il est possible de la prévenir ou de ralentir sa progression.
Œil et nutrition, la cohorte Alienor
Depuis vingt ans, les chercheurs s’intéressent au lien entre nutrition et DMLA. De nombreux aliments permettent de ralentir la dégénérescence : acides gras (oméga 3), antioxydants (vitamines C, zinc…). Ils protègent en effet la macula, la zone de l’œil affectée par la DMLA qui se situe au centre de la rétine.
À travers une étude prospective réalisée à partir du suivi sur huit ans de la cohorte Alienor, l’objectif des chercheurs était d’étudier le lien entre la présence de deux caroténoïdes dans le plasma - la lutéine et la zéaxanthine - et l’apparition de la DMLA. Parmi les 609 participants âgés en moyenne de 73 ans, 54 ont développé une DMLA sur la période de suivi.
Mesure objective dans le sang
Là où les précédentes études se fondaient uniquement sur les informations auto-rapportées de régime alimentaire, l’équipe de la chercheuse Inserm Bénédicte Merle a analysé des prélèvements sanguins et a ainsi pu démontrer une association objective entre des niveaux circulants de lutéine et de zéaxanthine et une diminution du risque de la DMLA. Ces travaux révèlent qu’une concentration plus importante de caroténoïdes dans le plasma, en particulier de lutéine et de zéaxanthine, réduit de 37 % le risque de développer une forme avancée de DMLA.
Ce résultat est similaire pour les formes atrophique et néovasculaire de la maladie. Toutefois, au-delà de la lutéine et la zéaxanthine, aucun autre caroténoïde n’a été associé à une telle diminution des risques. La lutéine et la zéaxanthine apportent en effet une vraie protection pour la rétine. D’une part, elles absorbent la lumière bleue, qui est connue pour endommager la rétine sur le long terme. D’autre part, elles jouent le rôle d’antioxydant afin de protéger la rétine du stress oxydatif, qui est justement un facteur de la DMLA.
Que faut-il manger ?
Pour avoir des concentrations plasmatiques suffisantes en lutéine et en zéaxanthine dans l’organisme, il convient de privilégier les fruits et les légumes jaune orangé (tomates, carottes, agrumes), ainsi que les légumes à feuilles vertes (chou, épinards). « Si on veut aller un peu plus loin, l’alimentation la plus bénéfique pour prévenir la DMLA serait un régime de type méditerranéen, riche en fruits et légumes et qui apporte assez d’oméga 3 grâce aux poissons gras », souligne Bénédicte Merle, auteure de l’étude.
Au-delà des recommandations nutritionnelles, la découverte du rôle de ces caroténoïdes ouvre des pistes pour repérer des groupes de population plus à risque de développer la DMLA en fonction de leur régime alimentaire. Cette étude offre donc des stratégies de prévention mais aussi d’identification des facteurs de risque qui seront utiles pour l’avenir de la recherche.
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