Des résultats récents semblent montrer que le transfert de microbiote de souris obèses vers des souris normales aurait un effet bénéfique sur le métabolisme du foie. L’étude, parue dans « Molecular Systems Biology », a été effectuée par l’équipe de Matteo Serino, chargé de recherche INSERM à l’Institut de recherche en santé digestive (IRSD), une unité mixte de recherche INSERM/Université Toulouse III-Paul Sabatier/École nationale vétérinaire de Toulouse/INRA.
Un déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose) est mis en cause dans un certain nombre de pathologies, dont l’obésité ou des problèmes hépatiques. Cependant, les mécanismes en sont encore mal connus.
Les travaux sur le sujet de l’impact du microbiote intestinal se sont jusque-là faits sur un modèle de transfert de microbiote avec comme receveur un modèle de souris axénique, c’est-à-dire sans microbiote. Dans ces études, le transfert du microbiote de souris obèses vers ces souris axéniques avait des conséquences négatives.
Chez des souris normales non axéniques
L’absence de microbiote des souris axéniques provoque une hyper-perméabilité de l’intestin, et une atrophie du système immunitaire. Par conséquent, les chercheurs de l’équipe de Matteo Serino ont voulu savoir si l’effet négatif d’un transfert de microbiote « obèse » vers une souris axénique s’observait également lors d’un transfert vers une souris « normale ». Ils ont donc utilisé des souris « normales », jamais traitées aux antibiotiques, avec un microbiote intact.
Les chercheurs ont inoculé à ces souris normales le microbiote de souris obèses. Ces souris receveuses ont été maintenues sous régime normal, ou ont ensuite été nourries avec un régime riche en graisse. Chez toutes les souris ayant reçu le microbiote de souris obèses, une modification du microbiote et du microbiome a été observée et des effets métaboliques bénéfiques. Sous régime normal, les effets constatés étaient une augmentation moins rapide de la glycémie et une réduction des marqueurs de la néoglucogenèse hépatique.
En cas de passage à un régime riche en graisses, les chercheurs ont observé un effet protecteur sur le métabolisme hépatique, et glucidique en général par rapport à des souris qui ont subi le même régime mais sans transfert de microbiote. De plus, la masse grasse était moins développée et les cellules graisseuses avaient une taille réduite.
Des résultats inattendus
En revanche, transférer le microbiote de souris minces normales n’a pas eu d'effet sur le métabolisme hépatique malgré quelques changements dans le microbiote et le microbiome.
Ces résultats sont en contradiction avec les résultats précédents concernant l’impact métabolique du transfert de microbiote normal à des patients atteints de syndrome métabolique, et le transfert de microbiote dysbiotique à des souris axéniques.
L’hypothèse proposée à cette dernière différence : la barrière intestinale fonctionnelle et le système immunitaire mature d’une souris normale permettent une meilleure gestion du microbiote dysbiotique, comparé à une souris axénique. Le fait que les chercheurs montrent que la barrière intestinale des souris normales n’a pas été affectée par le transfert de microbiote va dans ce sens.
Si ces résultats inattendus et contre-intuitifs demandent à être reproduits, sur un plus grand nombre d’individus, ces « observations ouvrent un nouveau débat sur le rôle de l’altération du microbiote intestinal dans la survenue des maladies métaboliques », précise Matteo Serino.
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