L’ail serait apparu en Asie centrale il y a plus de 6 000 ans. Très apprécié des Grecs et des Romains pour ses propriétés stimulantes, utilisé comme antiseptique au Moyen-Âge, l’ail est toujours plébiscité par la médecine populaire, qui lui accorde mille et une vertus, de la lutte contre les infections à la fluidification du sang en passant par la prévention des maladies cardiovasculaires. Et c’est très logiquement que l’ail a suscité de nombreuses recherches, qui ont permis de confirmer un grand nombre de ses effets potentiellement bénéfiques pour la santé.
Allicine et ajoène
Parmi les différents composés soufrés de l’ail, l’allicine et l’ajoène semblent jouer un rôle cardioprotecteur. L’allicine n’est pas présente en tant que telle dans l’ail, mais est issue de la transformation enzymatique de l’alliine, substance inactive et inodore, lorsque l’ail est coupé ou broyé. C’est d’ailleurs cette molécule qui donne à l’ail son odeur caractéristique. Elle conférerait notamment à l’ail une action anti-athérogène, mise en évidence chez l’animal (1). L’ajoène aurait de son côté un effet hypocholestérolémiant.
À côté des composés sulfurés, les nombreux composés antioxydants présents dans l’ail, flavonoïdes et tocophérols, pourraient contribuer à une action préventive vis-à-vis des maladies cardiovasculaires ou de certains cancers. À la lumière des différentes études menées chez l’homme, l’ail permettrait de réduire légèrement le cholestérol sanguin. Il aurait également un impact sur certains facteurs de coagulation. Ses effets sur la pression artérielle restent en revanche plus controversés, tout comme ceux sur la glycémie.
Les bénéfices
En matière de prévention de certains cancers, l’ail aurait notamment un effet bénéfique sur le risque de cancer colorectal, de l’estomac, du larynx ou de la prostate. La majorité des études ont cependant analysé l’impact de la consommation des aliments de la famille des alliacées (comprenant l’ail, les oignons, le poireau, l’échalote, la ciboulette…) et non pas de l’ail seul.
Quant aux effets « antimicrobiens » de l’ail, qui lui valaient un recours fréquent en cas d’épidémie de peste au moyen âge, ils n’ont pas été confirmés par les études cliniques. Ainsi, malgré la richesse de la littérature dans les domaines de la prévention cardiovasculaire et de la prévention des cancers, et comme pour de nombreux autres aliments, il est difficile de pouvoir tirer des conclusions quant aux effets bénéfiques précis de la consommation d’ail (2). Et compte tenu de l’hétérogénéité des études, il est en outre difficile de préciser les quantités d’ail qu’il faudrait consommer pour espérer des effets bénéfiques. Mais il est clair que la consommation régulière d’ail fait partie intégrante des habitudes alimentaires à privilégier. D’ailleurs l’ail, à côté des légumineuses ou du thé, est cité dans la liste des aliments ayant un certain effet cardioprotecteur par l’American Heart Association.
(1) Gonen A, Harats D, et al. The antiatherogenic effcet of allicin : possible mode of action.
Pathobiology 2005 ; 72 : 325-34.
(2) Aviello G et al. Garlic : empirism or science ? Nat Prod Comm 2009 ; 4 : 1785-96
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