Une thérapie génique de l'amaurose congénitale de Leber fondée sur les ciseaux moléculaires Crispr-Cas9 est parvenue à améliorer la vision de 79 % des participants d'une étude de phase 1/2, touchés par cette maladie neurodégénérative de l’œil. Il s'agit de la première utilisation d’une thérapie génique par Crispr-Cas9 dans cette indication.
Le traitement évalué, dit Edit-101, développé par la biotech Editas Medicine, vise à corriger une mutation du gène CEP290, codant pour la protéine ND4 nécessaire au bon fonctionnement des mitochondries. Les résultats de cette étude sont publiés dans le The New England Journal of Medicine
En tout, 14 participants, dont 12 adultes et 2 enfants, ont été recrutés dans l'étude. Les chercheurs ont mesuré l'amélioration des patients en utilisant quatre critères différents : l'acuité visuelle, les résultats à un test de repérage de points lumineux, un test de navigation dans un labyrinthe et un questionnaire de qualité de vie. Trois jours avant l'injection intravitréenne, les participants ont reçu de la prednisone en prise orale (0,5 mg par kilogramme de poids corporel).
Quatre critères d’évaluation
L’injection de la thérapie génique s'est faite par vitrectomie, et les volumes de solution reçus étaient de 300 μl, dans l’œil dont la vision était la plus dégradée. Les patients adultes ont reçu une dose faible (6×1011 vecteurs par millilitre), intermédiaire (1×1012), ou haute (3×1012). Les deux enfants de l'étude ont reçu une dose intermédiaire. La prednisone orale a continué à être administrée pendant les quatre semaines après l'opération, avant une période de 15 jours de désescalade de dose, laissée à la discrétion du médecin.
Les chercheurs ont constaté une amélioration d'au moins un des quatre critères chez 79 % des participants, et d'au moins deux chez 43 % d'entre eux. Environ 43 % des participants ont déclaré une amélioration de leur qualité de vie. Une amélioration de l'acuité visuelle, c’est-à-dire leur capacité à identifier un objet, une lettre ou un dessin, n'a été observée que chez 29 % des patients. Du point de vue des effets indésirables, les auteurs rapportent n'en avoir repéré aucun de majeur, mais en ont relevé quelques-uns peu sévères.
Ces résultats sont ceux de la première phase de l'essai clinique achevée en novembre 2022. L'essai devrait se poursuivre, à condition qu'Editas Medicine trouve un partenaire commercial pour poursuivre le financement, a annoncé l'entreprise dans un communiqué.
Pas la seule thérapie génique en développement
« Ces travaux démontrent que CRISPR peut être utilisé dans le cadre de thérapie génique pour traiter les pathologies héréditaires de la vision », se réjouit le Dr Éric Pierce, M.D, premier auteur de l’étude et ophtalmologue à l'hôpital Mass Eye and Ear spécialisé dans l'audition et la vision, au sein de l'école médicale de Harvard. « Des études seront nécessaires pour confirmer et affiner le bénéfice que l'on peut attendre de cette piste de traitement », prévient toutefois le chercheur.
Ces résultats sont comparables à ceux obtenus par Lumevoq, une thérapie génique qui utilise un virus adéno-associé. Ce médicament produit par le laboratoire GenSight Biologics ne dispose pas encore d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe. Le laboratoire a annoncé en septembre dernier lancer une nouvelle étude clinique (Recover), à la suite d’échanges avec l’Agence européenne du médicament.
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