Durant les premiers mois de vie, certains troubles sont flagrants. Lorsque l’enfant voit très mal, le pédiatre le détecte très vite : par exemple, en constatant qu’il a du mal à fixer son regard sur un objet très contrasté. De même, un strabisme permanent avant l’âge de quatre mois ou intermittent après cet âge n’est pas normal. Par ailleurs, certaines pathologies, très rares, telles que le rétinoblastome et la cataracte congénitale peuvent se manifester par une leucocorie (lueur blanche dans la pupille) ou par un strabisme, ce qui incite les parents à consulter. « Ces troubles visuels visibles nécessitent une consultation ophtalmologique rapide. En revanche, nous ne dépistons pas tous les enfants, dès les premiers mois de vie », souligne le Dr Mitra Goberville, ophtalmologue spécialisée en pédiatrie à Paris.
De fait, le dépistage ophtalmologique systématique du tout-petit, dès les premiers mois de vie, n’est effectué qu’en présence de certains de cas pouvant favoriser les troubles visuels : antécédents familiaux, prématurité, petit poids de naissance, souffrance néonatale et anomalies chromosomiques. En dehors de ces cas et de troubles visuels détectés par le pédiatre, une première consultation de dépistage chez l’ophtalmologue est fortement conseillée dès trois ans. La prise en charge des troubles visuels à cet âge donne, en effet, des résultats optimaux. « Le dépistage précoce de l’anisométropie (différence de puissance dioptrique ou de réfraction entre les deux yeux : un œil hypermétrope et l’autre, myope, par exemple) est, notamment, très important. Car une anisométropie non traitée durant la petite enfance (découverte après l’âge de 6/7 ans) peut causer une amblyopie définitive (diminution de l’acuité visuelle d’un œil ou des deux yeux) », précise le Dr Goberville.
Des traitements spécifiques
Une amblyopie détectée avant six ans est, en effet, largement améliorable. Il faut d’abord traiter sa cause (port de lunettes en cas de troubles visuels, de strabisme…). Mais la partie la plus importante du traitement consiste à forcer le cerveau à utiliser l’œil amblyope (celui dont l’acuité visuelle est la moins bonne) en cachant l’œil dont l’acuité est meilleure jusqu’à la récupération visuelle de l’œil amblyope.
Dès les premiers mois de vie, tous les troubles de la réfraction (hypermétrpie, myopie ou astigmatisme, associés ou non à une anisométropie) peuvent être dépistés : l’ophtalmologue instille des gouttes cycloplégiques (provoquant une paralysie de l’accommodation) dans les yeux de l’enfant pour mesurer leur capacité réfractive. « Chez le tout-petit, l’hypermétropie est bien plus fréquente que la myopie et l’astigmatisme. Nous traitons, sans attendre, les hypermétropes et astigmates forts (port de lunettes en permanence) pour éviter qu’ils ne développent une amblyopie ou un strabisme », indique le Dr Goberville.
Lorsqu’un strabisme est dépisté par l’ophtalmologue et/ou l’orthoptiste, il se traite le plus souvent, en trois étapes. « La première est le port de lunettes avec des verres adaptés à la vision de l’enfant, qu’il soit myope, hypermétrope ou astigmate. Deuxième étape : le traitement de l’amblyopie, s’il y en a une (avec des caches posées sur l’œil qui voit le mieux). Parfois, le fait de traiter l’amblyopie grâce à ces caches suffit à faire disparaître un strabisme. Enfin, si celui-ci persiste malgré le port de lunettes, une opération est souvent nécessaire », conclut le Dr Goberville.
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