Dans sa sixième enquête sur les délais d’obtention d’un rendez-vous en ophtalmologie, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof) constate avec satisfaction une embellie continue sur le temps d’attente.
Cette bonne nouvelle s’inscrit dans un contexte favorable : d’une part, le nombre d’installations des ophtalmologistes a dépassé le nombre de départs en retraite en 2024 ; d’autre part, la fermeture ou le déconventionnement par l’Assurance-maladie d’une centaine de centres de santé ophtalmolos depuis février 2023 aux pratiques frauduleuses n’a pas eu d’impact sur les délais d’attente, explique le Snof.
Secteur 1, secteur 2, même combat
L’étude se focalise sur deux motifs de consultation pour un nouveau patient : le contrôle périodique de la vue et la présence de nouveaux symptômes (points noirs, filaments) nécessitant une consultation rapprochée, sans être une véritable urgence. Les enquêteurs de l’institut de sondage CSA ont testé la prise de rendez-vous par téléphone et Internet, respectivement auprès de 2 436 ophtalmos libéraux et de 2 454 médecins spécialistes via les plateformes en ligne (majoritairement Doctolib). C’est près de 50 % de l’effectif en exercice en France.
L’enquête téléphonique montre que la prise de rendez-vous pour un contrôle périodique est possible pour un patient sur deux au bout de 21 jours (délai médian). C’est 22 jours de moins qu’en 2029. Au regard des fortes disparités locales, le délai moyen est plus long (46 jours) mais s’améliore par rapport à 2019 (68 jours).
Quand des symptômes apparaissent, un nouveau patient sur deux décroche une consultation au bout de cinq jours. Le délai moyen est de sept jours, soit 20 jours de moins qu’en 2019.
Que le médecin soit en secteur 1 ou en secteur 2, la probabilité d’obtenir un rendez-vous est proche (trois jours de moins en délai médian en secteur 2). Si l’ophtalmo exerce seul, il recevra plus rapidement un nouveau patient pour un contrôle périodique (trois jours en délai médian) que s’il exerce en cabinet de groupe.
Des rendez-vous plus rapides en ligne
La seconde enquête sur les délais de rendez-vous en ligne montre des résultats plus satisfaisants que par téléphone. Les patients obtiennent satisfaction quatre jours plus tôt, un écart stable depuis 2020. En cinq ans, les délais se sont améliorés de près de quatre semaines, note le Snof.
Au global (téléphone et internet), un patient sur deux qui réclame un rendez-vous pour un contrôle est reçu au bout de 19 jours (la moyenne générale étant de 47 jours).
Le Snof a également analysé les disparités régionales. Le syndicat constate une diminution des délais sur tout le territoire, en particulier dans les communes de 20 000 à 100 000 habitants. Les grandes villes se portent plutôt bien. En délai médian, un contrôle périodique réclame huit jours d’attente à Paris, quatre à Marseille, dix à Bordeaux et 14 à Lille. Nantes fait office d’exception avec 56 jours d’attente.
Il existe certes des disparités, confirme le Dr Vincent Dedes, président du Snof, mais on tend vers le mieux. La Bourgogne-Franche-Comté et les Pays de la Loire sont un peu en retrait, respectivement pour défaut de renouvellement de générations d’ophtalmos et par manque de gros CHU pourvoyeurs de bataillons de spécialistes.
« Au global, la diminution progressive des délais de prise de rendez-vous est une tendance de fond depuis 2017, commente le Dr Vincent Dedes Cette année, 60 % des RDV sont obtenus en moins de 30 jours ! Cela confirme que les efforts de la filière portent leurs fruits et que nous allons dans la bonne direction ».
En partenariat avec les orthoptistes, les opticiens, les infirmiers et les assistants médicaux, le travail aidé adopté par 85 % des médecins spécialistes est l’une des raisons de ces bons résultats, insiste le Snof.
Les ESS, réponses aux soins non programmés
Deux ombres persistent au tableau. La première concerne la chance d’obtenir un rendez-vous (on parle d’échec après un seul appel). Dans le détail, trois rendez-vous sur quatre sont satisfaits pour un contrôle périodique, que la demande soit faite par téléphone ou après renvoi et consultation du site internet. C’est onze points de plus qu’en 2019. Mais ce pourcentage chute à 41 % en cas d’apparition de symptômes. C’est dix points de moins qu’il y a cinq ans.
Autre problème soulevé par le Dr Dedes : la réponse aux soins non programmés. « Certains confrères ont encore des difficultés à y faire face, ils nous remontent des problèmes d’organisation. Mais nous y travaillons grâce aux équipes de soins spécialisées, qui peuvent constituer une réponse à la fracture numérique à l’échelle territoriale. »
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