UNE ALIMENTATION RICHE en taurine pourrait prévenir le risque de déficits visuels dus à un antiépileptique de première intention chez l’enfant, le vigabatrin (Sabril). Serge Picaud, directeur de recherche à l’Inserm (unité U592) et ses collaborateurs de l’Institut de la vision, viennent en effet de trouver le mécanisme par lequel le médicament provoque des anomalies du champ visuel à type de rétrécissement. Le vigabatrin entraînerait le déficit d’un acide aminé, la taurine, avec pour conséquence la dégénérescence des cellules de la rétine par la lumière.
Des recommandations dans l’immédiat.
Afin d’élucider le mécanisme de la toxicité médicamenteuse, l’équipe a étudié l’influence de l’exposition à la lumière chez des rongeurs traités par vigabatrin. Les chercheurs ont constaté que les lésions de la rétine sont absentes, quand les animaux sont maintenus dans l’obscurité pendant la durée du traitement. Comme la responsabilité d’un déficit en taurine dans la dégénérescence de photorécepteurs avait été suggérée dans des travaux précédents, les chercheurs ont mesuré les taux plasmatiques de 19 acides aminés chez des rats. Le taux de taurine s’est avéré 67 % inférieur chez les animaux traités, alors que le taux des autres acides aminés était identique chez les animaux traités et non traités. Comme l’essentiel de l’apport en taurine est assuré par l’alimentation, les animaux supplémentés avaient une acuité visuelle supérieure à celle des rongeurs non supplémentés. De plus, les dosages en acides aminés chez six enfants traités par vigabatrin ont révélé un taux en taurine très inférieur aux valeurs normales.
En attendant que l’intérêt d’une supplémentation en taurine soit confirmé, les chercheurs recommandent de s’assurer que les enfants traités ont une alimentation suffisamment riche en taurine (poissons, viande), qu’ils sont exposés le moins possible à la lumière (éviter les veilleuses de nuit) et qu’ils portent des lunettes de soleil. Alors que la taurine est bien connue du grand public grâce à la boisson énergisante Red Bull, Serge Ricaud insiste sur la mise en garde des parents sur les dangers d’une automédication « sauvage », en l’absence de données disponibles sur le long terme.
American Neurological Association, 2 009 ; 65 : 98-107.
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