Glossites non pathologiques
Langues géographiques
Parmi les glossites ayant un aspect clinique particulier on retrouve les langues géographiques, rencontrées chez 3 à 6 % de la population. À partir d’un point central, la muqueuse desquame de manière centrifuge, délimitant des zones érythémateuses à bordure blanche un peu surélevée. Cette anomalie de la muqueuse linguale dont l’étiologie reste inconnue, peut parfois être liée à un psoriasis cutané chez le patient ou dans la famille, et histologiquement les aspects sont voisins. Elle est le plus souvent indolore.
Langue scrotale
Elle peut parfois être associée à une langue scrotale (fissurée) au cours de laquelle des sillons se creusent sur la face de la langue pouvant aboutir à des fissures profondes. Une langue fissurée est très fréquente dans la trisomie 21 et est également retrouvée dans le syndrome de Melkersson-Rosenthal. Le brossage doux des sillons est simplement recommandé.
Langue saburrale
La langue saburrale, aspect le plus commun, est rencontrée lors d’épisodes fébriles. Un enduit blanchâtre plus ou moins épais recouvre la face dorsale de la langue. Cet enduit est essentiellement constitué de squames, de débris alimentaires et d’une flore bactérienne saprophyte ; il est indolore et disparaît avec la guérison de la cause.
Langue noire
La langue noire villeuse, chevelue, correspond à un allongement des papilles filiformes du dos de la langue. Elle est souvent consécutive à une antibiothérapie, à une mauvaise hygiène bucco-dentaire. La colonisation bactérienne qui s’en suit est responsable d’une mauvaise haleine et le patient se plaint parfois d’une sensation de bouche pâteuse. Le décapage mécanique à la brosse à dent, associé à l’application d’une solution de rétinoïdes (Locacid 0,1 %) suffit généralement à obtenir la guérison.
Autres aspects
Enfin, peut se rencontrer une langue avec hypertrophie des papilles folliées. Il s’agit de formations lymphoïdes sur la partie postérieure de la face dorsale, recouvertes d’une muqueuse normale, parfois inflammatoire lors d’épisodes infectieux. Elle peut inquiéter les patients anxieux qu’il faut rassurer.
Enfin, on peut dans certaines pathologies retrouver un aspect lobulé de la langue (syndrome de Gougerot-Sjögren) ou parfois une perte de substance avec atrophie (sclérodermie).
Toutes ces modifications, qui sont donc le plus souvent bénignes, peuvent être source de consultation.
Enfin, dans le cadre de ces glossites non pathologiques, il ne faudra pas oublier les BMS (Burning Mouth Disease). Ce syndrome, mis en évidence par Woda en 2009, se manifeste par des brûlures et une gêne chronique, parfois à l’origine d’un syndrome dépressif. La prise en charge des BMS reste encore mal codifiée ; néanmoins, lors de douleurs importantes, la capsaïcine diluée dans de la xylocaïne en gel, permet de diminuer la douleur et d’améliorer le sommeil de ces patients.
Glossites pathologiques
Causes infectieuses
Les candidoses sont rencontrées principalement chez les patients HIV positifs (avec diminution des CD4), chez les diabétiques insulinodépendants mal équilibrés, ou lorsqu’il existe une cause locale (utilisation de corticoïdes locaux ou de spray buccal chez les asthmatiques). Le traitement repose sur le Loramyc (1 cp/j), la Fungizone (en bain de bouche) ou sur le Triflucan (plus rarement). Des glossites infectieuses peuvent également se rencontrer au cours de la scarlatine et de la syphilis.
Lésions blanches
Les lésions blanches de la langue nécessitent le plus souvent une biopsie pour attester le diagnostic. Il peut s’agir d’un lichen plan, dont le traitement repose essentiellement sur la corticothérapie locale et sur la surveillance (en raison du risque de transformation carcinomateuse) au stade atrophique ; d’une leucoplasie chevelue (plus rare, depuis l’avènement des trithérapies antirétrovirales), d’un leucœdème ou d’une maladie de Cannon.
Toutes les glossites des anémies, même frustres au plan biologique, peuvent se traduire par des plages érythémateuses linguales, posant un problème diagnostique avec les mycoses ou l’allergie : glossite de Hunter (décrite au cours de l’anémie de Biermer), glossite liée à une anémie ferriprive, syndrome de Plummer-Wilson.
Ulcérations linguales
Les ulcérations linguales, sont extrêmement banales, et d’étiologies très variables, imposant de ce fait une extrême vigilance lors de l’établissement du diagnostic, pouvant en cas de doute nécessiter un frottis pour examen cytologique et surtout une biopsie qui seule permet de confirmer le diagnostic. Ces ulcérations peuvent, en effet, aller de la banale ulcération traumatique au carcinome épidermoïde, en passant par les aphtes, les érosions lichéniennes, les stomatites vésiculeuses et bulleuses, les ulcérations médicamenteuses, les mucites des chimiothérapies et de la radiothérapie cervicofaciale, la maladie d’Horton, le chancre syphilitique, l’ulcération tuberculeuse.
D’après les communications de J. C. Fricain, F. Boralevi et V. Sibaud, lors des Journées Dermatologiques de Paris.
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