PAR LE Pr BÉATRIX BARRY*
Le programme national de prévention des infections nosocomiales 2005-2008 mis en place par le ministère de la Santé avait pour projet que tous les établissements de santé rendent disponibles 5 indicateurs réglementaires :
– l’indicateur composite des activités de lutte contre les infections nosocomiales (ICALIN) ;
– le taux de staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SARM) ;
– les commandes de solution hydro-alcoolique (SHA) pour l’hygiène des mains ;
– les taux d’infection du site opératoire ;
– la consommation des antibiotiques.
Ce projet a abouti puisqu’en consultant le site internet PLATINES : PLATeforme d’INformations sur les Établissements de Santé http ://www.platines.sante. gouv.fr, les patients peuvent avoir tous les résultats des indicateurs de lutte contre les infections nosocomiales des établissements de santé de court séjour, privés ou publics. Sur ce site, les utilisateurs ont également accès à un grand nombre d’informations pratiques et d’autres indicateurs de la qualité de la prise en charge portant sur la tenue du dossier médical, le délai d’envoi du courrier au médecin traitant, l’évaluation de la douleur et de la nutrition, le dossier d’anesthésie…
On peut remarquer que ce projet a permis de faire le point sur les moyens mis en œuvre dans la lutte contre les infections liées aux soins. Sans aucun doute cela a-t-il incité les directeurs des établissements à regarder de plus près ces problèmes et à dégager quelques moyens humains et financiers… La presse a relayé ces résultats en publiant le classement sous forme de palmarès (exemple le numéro de l’« Express » de décembre 2009 qui titre « Les hôpitaux les plus sûrs »).
Des objectifs quantifiés.
Il ne s’agissait alors essentiellement que de regarder les actions et il n’y avait pas ou peu de regard sur les résultats obtenus. Pour le programme national 2009-2012, le ton change, la pression monte. Les objectifs sont quantifiés, il ne suffit plus de se donner des moyens, il faut également des résultats !
Quels sont ces trois objectifs ?
Pour le premier, axé sur la prévention d’infections liées à certains actes invasifs :
- l’incidence des bactériémies sur cathéter veineux périphérique : baisse de 50 % et taux inférieur à 1/1 000 jours de cathéter en place ;
- l’incidence des infections du site opératoire pour les interventions cibles en chirurgie programmée a diminué de 30 % ;
- l’incidence des accidents d’expositions aux Soins (AES) baisse de 25 % au niveau national et par inter-région.
Pour le second, orienté sur la limitation de diffusion des Bactéries Multi Résistantes :
- pour le SARM, le taux national est inférieur à 20 % et il y a une réduction de l’incidence des bactériémies de 50 % ;
- que le taux d’entérocoque résistant à la Vancomycine reste < 5 % au niveau national ;
- que 100 % des établissements de santé aient un système de signalement externe des infections associées aux soins.
Le dernier objectif est l’amélioration de l’organisation du dispositif de prévention : plus de 75 % des établissements de santé seront conformes pour les effectifs de personnel des équipes opérationnelles d’hygiène.
Le fait de mettre en place des objectifs très précis qui sont très exigeants a pour avantage de mettre la France dans une situation d’excellence en ce qui concerne l’hygiène des établissements de santé et des soins médicaux. Même si cela s’avère coûteux, ce thème est tellement important et médiatisé qu’il est probable qu’il ne sera pas impacté par les réductions budgétaires. Cependant ces exigences de résultats et ces critères d’évaluation favorisent les gros centres de soins qui ont plus de moyens et dont les résultats sont lissés par le volume d’activité. Il est réducteur d’établir un lien étroit avec la qualité des soins et dangereux d’utiliser des résultats bruts en dehors de leur contexte.
* Service ORL, hôpital Bichat, Paris.
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